Moi président
Vous vous souvenez de cette tirade de François Hollande lors des élections présidentielles 2012, Moi président de la République, je… bla bla bla ? Apparemment, il s’agit même d’une anaphore, une figure de style consistant à répéter un mot ou série de mots en tête d’une phrase pour produire un effet de renforcement ou de symétrie. En tout cas, la ficelle a fonctionné puisqu’on s’en souvient encore, de cette séquence d’un peu plus de trois minutes, alors qu’on a oublié tout le reste de son mandat. D’ailleurs lorsque vous tapez « anaphore » sur Google, le premier résultat qui sort c’est « Moi président ».
L’avantage d’une telle formulation, c’est que ça marque les esprits, l’inconvénient c’est qu’on peut en reprendre le texte plusieurs années après et voir ce que vous avez fait de vos engagements.
Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Élysée.
C’est certain, non seulement il n’a pas reçu les députés de la majorité à l’Elysée mais il peut être fier d’avoir détruit le parti socialiste. Rappelons qu’après son quinquennat, Benoît Hamon n’a fait que 6% et que le PS a dû vendre son siège historique de la rue de Solférino pour renflouer les caisses du parti. La droite vous remercie M. Hollande.
Moi président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.
Non, mais il en a changé deux fois (l’ancien prof d’allemand en short Jean-Marc Ayrault, l’ex-futur maire de Barcelone Manuel Valls et l’intérimaire Bernard Cazeneuve) tandis que Nicolas Sarkozy n’en a eu qu’un seul (François Fillon, alias l’Arsène Lupin de l’Assemblée).
Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti, dans un hôtel parisien.
Là, c’est grotesque. Pour gagner les élections, il faut de l’argent. Que vous fassiez votre collecte dans un hôtel parisien, sur le marché le dimanche matin ou à la foire du Trône, qu’est-ce que ça peut changer ? La vraie formule est « je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti » Non encore une fois, il a plutôt participer à en vider les caisses qu’à les remplir.
Moi président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerai pas les membres du parquet alors que l’avis du Conseil supérieur de la magistrature n’a pas été dans ce sens.
Non c’est certain, il n’en avait pas spécialement besoin. On peut reconnaître à François Hollande que contrairement à Nicolas Sarkozy, la justice ne s’est pas intéressé à lui, et réciproquement.
Moi président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances indépendantes.
Je n’aurai pas la prétention non, ce n’est pas mon style, mais je donnerai mon avis et les instances indépendantes concernées en prendront acte, n’est-ce pas ?
Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire.
Cela commence à devenir cocasse cette anaphore, car maintenant on a le recul nécessaire sur sa présidence et même l’homme. On le revoit sur son scooter se faufiler en pleine nuit entre les voitures pour rejoindre sa maîtresse. On repense immédiatement à son ex-compagne Valérie Trierweiler, tombée en dépression immédiate après son catapultage en bonne et due forme dans les jours qui suivirent l’élection du nouveau souverain français, un souverain apparemment « normal » ceci dit. On repense à son ex ex, Ségolène Royal, qui s’était fait poignardée par son ex-mari en pleine élection présidentielle 2007. On repense à toutes ses ex en fait et on se dit que son comportement envers les femmes qu’il a, comment dire, connues, est très loin d’être « exemplaire » comme il le dit lui même. Il n’est pas au niveau de Dodo la Saumure certes, mais il est quand même pas mal, l’éternel sexus politicus à pile. Ceci dit, je fais un peu mon père la morale dans cette histoire alors que, comme des millions de français, il faut admettre qu’il nous a bien fait rire avec ses histoires le François
Moi président de la République, j’aurai aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l’État ; je le ferai réformer, de façon que si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés, je puisse dans certaines conditions me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un certain nombre d’instances.
Celle-ci, c’est une spéciale dédicace à Nicolas Sarkozy, son vieux pote de lycée à Neuilly sa mère ! Elle est pour toi celle-là mon Nico, au cas où tu voudrais revenir après ta défaite de 2012. T’avais qu’à pas moucharder au prof de maths. Bien fait pour ta pomme.
Moi président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d’hommes.
Oui alors la parité à la François Hollande, il faut l’entendre ainsi : on fait moit moit les filles okay, mais les bons postes (fonctions régaliennes, ministères d’Etat, ministères prestigieux) c’est pour les mecs. Et vous prendrez les trucs de gonzesses classiques : la santé, la famille, la condition féminine, l’écologie et les secrétariats d’Etat. Vous vous y connaissez en secrétariat. Cela vous va ? Non ? Vendu !
Moi président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres, qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts.
Forcément, on a une pensée émue pour Jérôme Cahuzac, qui nous disait les yeux dans les yeux, non je n’ai jamais eu de compte en Suisse, rempli par des laboratoires pharmaceutiques pour lesquels je faisais du lobbying. Jamais ! A moins que cela m’ait échappé. C’est ça Jéjé, cela a dû t’échapper. J’aurais aimé voir la tête de Hollande et de Ayrault en apprenant la nouvelle. Un code de déontologie pour les ministres, quelle bonne blague !
Moi président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leur fonction avec un mandat local, parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à leur tâche.
Il me semble que François Fillon s’est opposé à cette proposition, ou alors pas plus de quinze mandats, et quarante par famille. En tout cas, la promesse a été respectée côté Hollande.
Moi président de la République, je ferai un acte de décentralisation, parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.
Dans un pays où les trois quarts du PIB est généré par Paris et l’Ile de France, poser la question de la centralisation est peut-être une bonne idée. Mais bientôt dix ans après ce beau discours, rien n’a changé, malgré le regroupement des régions, le pouvoir politique et économique reste concentré à Paris. On ne réforme un vieil état jacobin comme la France aussi facilement. Pourtant il le faudrait car à plus de 10 000 euros du m2 en moyenne, plus personne ne pourra bientôt s’y loger. Venez en province les gars, et emmenez vos boites et vos administrations avec vous. Ne venez pas les mains vides, juste pour faire exploser le prix de l’immobilier, compris !
Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats, et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation.
Et ce qui relève de l’enfilage de perles. A quoi bon discutailler avec des organisations syndicales qui pèsent moins que le PS aux élections présidentielles ? Qui vote aux élections syndicales ? Personne. Ces gars là ne représentent que dal. Ils sont juste bons à paralyser la France quand ça les arrange et à défendre leur gagne pain, c’est à dire enfiler des perles pendant que leurs collègues bossent.
Moi président de la République, j’engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l’énergie, et il est légitime qu’il puisse y avoir sur ces questions-là de grands débats citoyens.
Maintenant on sait où Macron a été pêcher son idée de Grand Débat National. D’ailleurs, c’est la même philosophie, on endort le peuple avec des grands débats, on sort le bonneteau, elle est où la balle elle est où, elle est là ? Et non, elle est nulle part en fait. Bande de couillons que nous sommes. Des grands débats, des conventions citoyennes pour le climat, je t’en ficherais moi. On est vraiment devenus des agneaux nous les Français, on se moque de nous comme ça, cash, et on ne dit rien. On se contente de rentrer chez soi et on regarde Netflix, en attendant le prochain grand débat. Ou The voice.
Moi président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections non pas de 2012, mais celles de 2017, car je pense qu’il est bon que l’ensemble des sensibilités politiques soient représentées.
J’adore la subtilité de cet engagement. J’introduirai la proportionnelle, pour faire un cadeau au Front National, mais pas tout de suite ni pour moi, pour mon successeur de 2017. Moi j’ai pas envie de gérer un beau bordel à l’Assemblée Nationale, vous comprenez. Et puis finalement, il n’y a rien eu du tout. Point de proportionnelle !
Moi président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue, pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m’occuperai pas de tout, et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français.
De la hauteur de vue ! De la proximité, de la gentillesse, et désintéressée bien entendu. Je reconnais bien le petit François Hollande. Je dis petit, non pas à cause de sa taille, que j’ignore du reste, mais parce que j’ai lu son autobiographie, je suis peut-être un des seuls, et je me souviens d’une confidence qu’il y faisait. Il déclarait avoir compris très jeune que pour obtenir un maximum des adultes, à commencer par ses parents évidemment, il fallait leur donner ce qu’ils attendaient et leur dire ce qu’ils voulaient entendre : être sage, poli, obéissant, ramener des bonnes notes, débarrasser la table, etc. Si vous connaissez des enfants comme ça, j’échange volontiers. Toujours est-il qu’il avait une sacrée hauteur de vue le petit François. Comprendre très tôt comment se mettre ses parents, et plus tard les électeurs, dans la poche, c’est fort. Et le plus dingue, c’est qu’on ne lui en veut même pas. Il sera passé entre les goutes de l’histoire, les emmerdes, il les aura laisser à son dauphin, Emmanuel Macron.
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