# CinémiX

Adieu les cons

23 mai 2021

Mercredi 19 mai 2021, nous respirons de nouveau, enfin ! Premier réflexe, retourner au cinéma, vite ! J’avais loupé le dernier Dupontel en novembre, j’avais hâte de le voir. Adieu les cons (1) Tout un programme, surtout en cette période covidesque. Je m’attendais à une charge contre la société à la hauteur de ce auquel le réalisateur acteur nous a habitué jusqu’ici. Mais comme Dupontel n’est jamais vraiment là où on l’attend, cet homme qui va jusqu’à l’internat de médecine et part finalement faire du théâtre, ce personnage qui n’aime pas être enfermé dans un emploi, jamais d’accord avec tout le monde, sauf si personne n’est d’accord avec personne, une fois encore Dupontel nous surprend, nous émeut.

Non, Adieu les cons n’est pas une charge, mais au contraire un cri d’amour. Celui de Suze, le personnage brillamment interprété par Virginie Efira, pour ce fils qu’on lui a arraché, qu’elle n’a pas vu grandir et qui lui souhaite, lui apporte même sur un plateau, tout le bonheur du monde. L’amour de Cuchas (Albert Dupontel) et aussi de Blind (Nicolas Marié), pour la belle Suze (particulièrement belle dans ce film il faut l’admettre, en tout cas plus que dans le rôle d’une maîtresse nageuse alcoolique dans Le Grand Bain). L’amour d’Adrien, ce fils né sous X et confié en douce à Madame « sans fallope », pour sa collègue Clara. L’amour du docteur Lint (Jackie Berroyer), Alzheimer dernier stade, pour sa femme. L’amour des policiers pour les gens qu’ils interpellent. Bref, un hymne à l’amour…

Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer
Et la Terre peut bien s’écrouler
Peu m’importe si tu m’aimes
Je me fous du monde entier

Tant qu’l’amour innondera mes matins
Tant qu’mon corps frémira sous tes mains
Peu m’importe les problèmes
Mon amour, puisque tu m’aimes (2)

Eh pan ! Adieu les cons !

J’ai découvert Albert Dupontel sur cassette vidéo quand j’étais ado et que lui se lançait dans le one man show. Un pantalon trop serré, un maillot de corps blanc, une dégaine et un phrasé de débile profond, je me suis dit, c’est quoi cet ovni ? Et deux minutes plus tard, j’étais accro. Trente ans plus tard, je le suis toujours. Je ne peux pas concevoir un monde sans Dupontel, sans son franc parlé, sans sa non-chalance teintée de révolte et surtout sans ses films. Qu’il les réalise ou les joue, c’est pareil, j’adore : Deux jours à tuer, Neuf mois fermes, En équilibre, Au revoir là-haut… des oeuvres, des bijoux de cinéma.

Puis il y a le Dupontel en off, qui nous met les points sur les i comme ça, cash, comme dans cette interview de 2014.

« Le drame humain vient de l’éducation. Dès l’école on nous met en compétition. Ce n’est pas parce qu’on est un cancre qu’on est un raté, mais c’est quand même ce qu’on croit. En ce qui me concerne, j’étais un gosse assez moyen, c’est ce que j’ai cru pendant très longtemps. Et c’est faux. Il y a juste des structures mentales qui sont plus scolaires que d’autres. Et souvent, y a des types brillants à l’école qui rament complètement dans la vie après. Cette cotation de valeur, elle est fausse. L’histoire de France, on nous apprend à l’apprendre, mais on nous apprend pas à la juger. Il faudrait la juger… On apprend aux gosses le calcul mental, la récitation, on les formate dans un système dans le but de les rendre productifs… Tout est fait pour que l’individu ne se rencontre pas dans une vie, parce que s’il se rencontre c’est terrible, il développe un sens critique, il développe un jugement et alors il est ingouvernable. Que ce soit les religions, les commerçants, les politiques, ils n’ont aucun intérêt à ce que les individus se trouvent… »

Tout Dupontel est là. Je vous invite à revoir la vidéo de l’interview en cliquant un peu plus bas (3) et à voir ou à revoir tous ces films.


Références

(1) Adieu les cons, film d’Albert Dupontel avec entre autres Virginie Efira, Nicolas Marié, Jackie Berroyer, 2020.

(2) L’hymne à l’amour, Edith Piaf, 1949

(3) Interview d’Albert Dupontel, 2014

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