# Monsieur X

Seb Toussaint

20 novembre 2021

J’anime depuis quelques années un club avec des enfants du primaire et du collège. J’ai commencé par réaliser les vidéoclips avec eux. Dit comme ça, ça peut paraître simple mais nous n’avions qu’une heure entre midi et deux pour imaginer, préparer, mettre ne scène et tourner un clip entier, sans parler des conditions météo et de la concentration des interprêtes. Nous nous sommes beaucoup inspirés des créations des artistes du moment, les artistes préférés des enfants : Orelsan, Big flo & Oli, Black M, Pharrel Williams, Angèle, Hoshi… Après deux ans et trente et quelques clips, j’avais besoin de souffler un peu. Il me fallait une activité moins énergivore, plus posée, plus calme. M’est alors revenu en tête l’un de mes premiers hobbies lorsque j’avais leur âge, entre dix et douze ans, le street art. Aujourd’hui on dit « Street art » car ce mode d’expression artistique est en train d’acquérir ses lettres de noblesse, un peu comme le rap dans la musique, à l’époque on disait tout simplement « graffiti ».

Cette année sera donc dédiée au street art et j’ai la chance de recevoir Seb Toussaint pour la première. Seb Toussaint est pour moi un artiste majuscule et son œuvre, Share the Word en anglais, Partagez le mot en français, majeure !

Seb Toussaint

Lors d’un tour du monde à vélo il y a dix ans, Seb et ses deux compères doivent faire une halte forcée d’une semaine en Bolivie. Forcée parce que les compères en question ont attrapé la tourista. Seb, qui est passionné de peinture depuis son plus jeune âge, cherche un endroit où il peut peindre un mur. Dans le centre-ville, on lui fait comprendre que le site est classé et que tout sera repeint en blanc sitôt les trois touristes repartis. On lui conseille plutôt le quartier populaire, la favela en langage local, situé un peu plus haut sur la colline. C’est une révélation. L’accueil qu’il y reçoit est si chaleureux et l’enthousiasme des gens pour son art si spontané, qu’il se dit : c’est ça que je veux faire, peindre pour le gens, chez les gens, en particulier ceux à qui on ne peut propose jamais rien de positif.

Depuis, Seb parcourt le monde entier, du Kirghizistan au Brésil en passant par l’Ouganda, l’Ethiopie ou la France, eh oui pourquoi pas, à la recherche de murs pour peindre des mots, des mots que les gens lui donnent. Love, Peace, Hope, Rêve, Libertad, Education, Unity, Salaam, Vie, Amistad, Resiliencia… plus de 200 mots sur des murs de pierre, de terre ou de briques depuis le début de l’aventure.

Derrière ces mots, ce sont des histoires, des tragédies parfois comme ces jeunes femmes violées à la machettes que le docteur Mukwege s’acharne à réparer, un personnage que Seb rencontrera lors d’un voyage au Congo. Ou lorsque Seb va peindre dans des camps de réfugiés, les parcours qu’on lui raconte et les mots que l’on choisit en disent long sur les épreuves endurées. Mais partout l’accueil est bienveillant et le message porteur d’espoir.

Il y a des journées comme ça où l’on fait de belles rencontres, hier en était une.


Référence

https://www.instagram.com/sebtoussaint/

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