Convention d’Istambul
Connaissez-vous la Convention d’Istambul ? Non ? C’est normal, c’est le genre de machin, comme l’avait dit De Gaulle à propos de l’ONU lors d’un discours à Nantes en 1960, pondu par des organismes internationaux dont personne ne connaît vraiment le travail ni les missions. Mais quand on s’intéresse au droit des femmes comme moi dans le cadre de cette saison 2 de citizen X, on finit tout ou tard par tomber sur la Convention d’Istambul, car la Convention d’Istambul est le traité majeur dans le domaine des violences faites aux femmes, y compris la violence conjugale et familiale. Il est à l’initiative du Conseil de l’Europe, un autre machin européen à ne pas confondre avec l’Union Européenne, celui-ci étant bien antérieur à l’UE (1949) et plus large puisqu’il comprend 46 pays.
La convention contient 81 articles répartis en 12 chapitres avec une structure qui reprend les 4 P : Prévention, Protection (et soutien des victimes), Poursuite (des auteurs) et Politiques intégrées. Elle a surtout le mérite de lister les différents types de violences, dont certaines étaient jusqu’ici un peu mise sous le tapis de la justice, notamment les violences psychologiques, le harcèlement, sexuel ou mental. Elles viennent s’ajouter aux plus classiques violences physiques, sexuelles, mutilations génitales, j’en passe et des pires. Plus de deux siècles après la Déclaration de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouge, la Convention d’Istambul est en quelque sorte l’acte I de la lutte internationale contre les violences faites aux femmes, des violences trop longtemps tues, et qui tuent.
Pourquoi Istambul me demanderez-vous ? Bonne question, vous répondrais-je, et j’avoue que je n’ai pas la réponse. Peut-être pour inciter la Turquie, un pays qui a longtemps pensé demander à entrer dans l’UE mais dont le respect des droits de l’homme en était un frein majeur (ceci dit les femmes sont-elles concernées par les droits de l’homme ?), à s’engager à lutter contre ces violences et aller vers plus d’égalité entre hommes et femmes. La Turquie fut d’ailleurs le premier pays non-européen à ratifier le traité le 14 mars 2012, alors même que l’UE ne l’a signée qu’en 2017. Abdullah Gül, président de la Turquie à l’époque était pourtant d’obédience islamiste et co-fondateur du parti de droite AKP, Parti de la justice et du développement. Mais l’histoire est un éternel recommencement, la défense des droits un éternel combat, et la Turquie de Gül n’est pas forcément celle d’Erdogan. Cette dernière a ainsi annoncé en 2021 son retrait de la Convention d’Istambul, un comble ! Les cadres de l’AKP accusaient le traité de déstabiliser la famille turque et d’encourager à l’homosexualité, la communauté LGBT se servant de ce texte pour revendiquer également des droits.
Les violences faites aux femmes font parti d’un ensemble juridique de protections au centre duquel on trouve le droit à l’IVG. On constate qu’aujourd’hui encore, en 2023, la question divise toujours autant la société, ou plutôt les sociétés, car le débat n’a pas la même ampleur partout dans le monde. Mais quel que soit le pays, force est de constater qu’il ne faut jamais rien lâcher si on ne veut pas voir les droits reculer. La Convention d’Istambul est sans doute un machin juridique, à l’initiative d’un machin institutionnel, qui n’aide en rien celles qui se prennent des coups au quotidien, mais elle a le mérite d’avoir mis le sujet sur la table, contraint les Etats signataires à le prendre au sérieux et mettre en place des mesures concretes qui aillent dans le bon sens, celui du respect des droits humains et de la justice. Justice, ce mot me dit quelque chose ! L’AKP n’est-il pas le parti de la justice et du développement ? Erdogan devrait peut-être revenir aux fondamentaux ?
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# SociétiX
Julia & Julio
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Robert B.
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