# PolitiX

A quand le vote électronique ?

21 juin 2021

Le premier tour des élections départementales et régionales vient de se terminer et le résultat est net : cette élection n’intéresse personne ! Avec près de 70% d’abstention, un record historique, aucun doute n’est plus permis. Les explications possibles sont multiples et les responsables politiques n’ont pas manqué, comme il est de coutume, de faire le tour des plateaux télé pour donner leur version des faits et regretter une si faible mobilisation alors qu’au fond, cela leur est bien égal, tant que les élections ont lieu et les sièges sont attribués.

La mienne, d’explication, est la suivante : premièrement les gens sortent d’un troisième confinement et avaient mieux à faire que de faire la queue dans un bureau de vote. Ceci dit, vu la faible participation, il n’y a pas dû y avoir beaucoup de queue, me direz-vous. Deuxièmement, certains se souviennent des élections municipales maintenues en pleine première vague du Covid avec son lot de contaminations. C’est vrai que faire passer des centaines de gens au même endroit le même jour en pleine pandémie, c’était pas l’idée du siècle. Les plus méfiants d’entre-nous n’ont peut-être pas voulu rééditer cette incohérence.

Après viennent les raisons politiques. Les Français désertent de plus en plus les élections, quelles qu’elles soient, parce qu’ils ne croient plus dans la Politique, ils ne croient plus dans les politiques, ils ne croient plus en grand chose d’ailleurs, ni Dieu, ni maître, ni homme ou femme providentielle. Pourquoi dans ce contexte de défiance générale, iraient-ils plébisciter une élection aussi compliquée et peu lisible que celle des départementales/régionales ? Car c’est un fait, et une explication de plus, les élections départementales et régionales, personne n’y comprend rien et personne n’a envie de prendre le temps nécessaire pour y comprendre quelque chose. On peut appeler cela de la fainéantise certes, il n’empêche, c’est une des explications.

Personnellement, j’ai honte de le dire, ou plutôt de l’écrire, mais je ne suis pas allé voté parce que, comme je l’évoquais dans mon billet intitulé « Mille feuilles« , je considère qu’il y a trop de couches administratives et politiques dans ce pays. Commune, communauté de communes, agglo, département, région etc, etc, etc. Trop de doublons, triplons, quadruplons de fonctions, de missions, de postes et bien sûr de dépenses. Je ne dis pas que le département ne fait rien, au contraire, il a des missions importantes (social, éducation, infrastructures, etc.) mais ne peut-on pas regrouper tout ça au niveau de la région ? Si je vote, je valide le système en place. Donc non, je ne vote pas. Comment faire autrement pour dire qu’on n’est pas d’accord ? Voter blanc ? Voter RN ? Certainement pas ! On n’a pas inventé dans nos démocraties modernes, un moyen efficace et non violent pour permettre aux gens de dire qu’ils ne sont pas d’accord et surtout pourquoi ils ne sont pas d’accord. C’est la grande faiblesse de la démocratie. On vous dit, faut aller voter parce que c’est important. Parce que des gens se sont battus pour ce droit. Parce que des gens, ailleurs dans le monde, se battent pour cela. Parce que sinon, c’est la tyrannie, c’est courir le risque de voir arriver au pouvoir des gens qui ne sont pas vraiment des démocrates, ni des despotes éclairés. Voilà l’histoire qu’on nous raconte. On n’a pas le choix, faut voter. C’est une sorte de démocratie tyrannique en somme, tu votes sinon c’est mal tu comprends ? Eh bien non je ne comprends pas justement. Des gens se sont battus certes, sont morts même, pour que nous puissions vivre dans des pays libres, pour que nous puissions dire ce que nous pensons. Or pouvons-nous réellement dire ce que nous pensons ? Non ! Donc d’une certaine manière, nous trahissons les idéaux démocratiques de ces gens-là, on ne sait d’ailleurs pas trop de qui on parle au juste. Parlons-nous des sans-culottes de la Révolution, des syndicats ouvriers du XIXème siècle, des poilus de la Grande Guerre, des Américains débarquant en Normandie, des hommes et femmes politiques progressistes de tous horizons, de tous temps ? Un peu tout le monde et personne à la fois.

La démocratie est à bout de souffle, tout le monde le dit, tout le monde l’écrit, des ivrognes du café du commerce du coin aux plus éminents sociologues, études et sondages à l’appui. Il faut donc la réinventer, cette démocratie, lui donner de l’air, permettre aux gens de s’exprimer plus, plus régulièrement et autrement que par oui ou par non, ou en mettant simplement dans l’urne le nom d’un illustre inconnu en cravate.

Internet peut nous permettre d’y parvenir. Des partis politiques comme Podemos en Espagne (lire le billet No podemos) ont construit leur succès en partie grâce à des outils participatifs sur le web. Il est vrai que le mouvement s’est essoufflé mais il ne faudrait jeter el bebe con la agua del bano, jeter le bébé avec l’eau du bain quoi. Ils ont réussi à construire un système pour faire remonter les avis et propositions des citoyens de base, nous devrions pouvoir généraliser ce type d’initiative au niveau national. Nous devrions être consultés plus souvent sur la vie de la ville, de la région ou du pays. Nous devrions pouvoir voter avec notre smartphone en deux clics. On le fait bien avec les contrats. Aujourd’hui tous les notaires de France sont passés à la signature électronique. Tous, vous m’entendez ? Eh oh allô, les notaires, ces gens qui vivent dans des châteaux avec plein de poussière partout et des portraits de Louis Philippe Auguste au mur. Si eux sont passés à la dématérialisation, pourquoi pas la démocratie ?

On évoque du côté des pouvoirs publics le risque de piratage. Je ne le nie pas. On imagine aisément la joie de nos amis russes réussissant à hacker une élection dans un pays occidental et le bazar qui en découlerait. Ok soit ! Mais sommes-nous si mauvais que ça en cybersécurité pour ne pas réussir à mettre au point un système solide ? Les banques et les sites e-commerce sont passés à la double vérification. Nos pass sanitaires prennent la forme d’un QR code sur notre téléphone. C’est une question de temps mais tôt ou tard, le vote électronique sera la norme et la participation, massive, vous verrez.

En faisant des recherches sur ce sujet, je me suis aperçu que le vote électronique existait déjà. Mais ce n’est pas ce que vous croyez. Il s’agit en fait d’une grosse machine d’un mètre cube à installer dans les bureaux de vote qui remplace le papier. Un certain nombre de communes avaient franchi le pas et se sont même regroupées au sein d’une association pour défendre leurs droits car depuis 2008 l’Etat a imposé un moratoire et interdit leur utilisation. Certaines villes ont dépensé des dizaines de milliers d’euros dans ces systèmes et elles ne peuvent pas les utiliser. Bravo, encore de l’argent bien dépensé. En même temps les gars ! C’est quoi cette grosse machine ? C’est une blague non ? On croirait la machine à claques pour passer le bac dans Les sous-doués ou une sorte de Dolorean, la voiture dans Retour vers le futur, mais sans roue et qui sert à voter. Elle fonctionne avec des épluchures de patates, elle fume un peu quand elle chauffe mais c’est super vous allez voir ! Vous allez voyager dans le temps avec ça et en plus ça fait de la purée. Qui a eu l’idée d’une machine de vote électronique pour laquelle il faut quand même venir dans le bureau de vote ? Quel intérêt ?Tout ça à l’heure de la data, du calcul quantique supersonique et d’internet ! Franchement, soyons sérieux. Dire qu’il y a des élus qui ont signé des bons de commandes avec plusieurs zéros pour se doter de ce gloubiboulga de machine à voter. Remarquez, les zéros, c’est pas ce qui manque dans la politique ou l’administration, plus que de héros en tout cas.

La super machine à voter

Bref, tout ça pour dire que personne n’est allé voté au premier tour et personne n’ira au second non plus. C’est triste mais c’est comme ça. Alors bougeons les lignes, innovons et réinventons la démocratie.

A quand le vote électronique ?


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