# HistoriX

Révisions d’histoire

25 juin 2024

Avoir des enfants qui vont à l’école vous permet de retourner vous aussi à l’école, même joueur joue encore. Je pensais être libéré de ce fardeau après mes études dites supérieures, eh bien non ma bonne dame, quelques années après, moins d’une dizaine en vérité, j’ai dû faire ma rentrée en petite section de maternelle avec mon fils aîné et rebelotte l’année d’après avec sa sœur cadette, j’en prenais de nouveau pour vingt piges, et terminerai l’école peu de temps avant ma retraite, juste le temps de souffler avant d’y retourner peut-être une troisième fois avec mes éventuels petits-enfants, car c’est bien connu, les grands-parents, c’est bien pratique pour s’occuper des petits-enfants, notamment le mercredi. Bref, tout ça pour dire que l’école rythme notre vie, du début à la fin et qu’on en a donc jamais vraiment fini avec elle, qu’on le veuille ou non.

Et qui dit école, dit notes, examens, épreuves, des mots dont l’évocation me fait encore froid dans le dos. Car je n’ai jamais pris aucun plaisir au stress que génèrent toutes ces évaluations discriminantes, quel que soit le nom qu’on leur donne. Cette année, je suis en plein dans les révisions du brevet des collèges puisque mon fils s’est fait virer de l’école, d’abord pour avoir baissé son pantalon en maths, ne me demandez pas pourquoi, peut-être une démonstration de géométrie, et ensuite pour avoir volé une calculette abandonnée dans un casier juste à côté d’un billet de cinq euros qu’il n’a même pas touché. Il s’est fait lui même voler trois fois sa calculatrice, il voulait au moins en avoir une pour passer les examens. Résultat, le directeur lui a gentiment demandé de rester chez lui pour réviser et qui dit chez lui dit chez moi, donc avec moi, donc avec moi au boulot, donc me voilà moi aussi à réviser le brevet.

En fin de compte, ce n’est pas si mal de réviser le brevet, notamment l’histoire, qui a toujours été une de mes matières préférées avec les maths. Etudier l’histoire permet de comprendre à quel point celle-ci est circulaire, les mêmes causes engendrant toujours les mêmes conséquences comme si les humains n’apprenaient jamais rien du passé pour par exemple essayer ne pas reproduire sans cesse les mêmes erreurs, je dis ça je ne dis rien. A moins que, peut-être, les humains aiment reproduire les conneries du passé, préférant la guerre à la paix et le chaos et l’harmonie. Prenez le début du XXème siècle par exemple, avec la montée des régimes autoritaires, en particulier en Russie et en Allemagne, à cause notamment de crises économiques et de la misère que les dirigeants en place n’avaient pas su, pu ou voulu endiguer, peut-être parce qu’ils n’étaient pas vraiment touchés, bien à l’abri dans leurs palais d’argile. Mais argile rime avec fragile. Quand il pleut, l’argile fond et les têtes tombent. Et ceux qui les ramassent pour les brandir comme des trophées ne sont pas toujours animés des meilleures intentions. C’était le cas de Staline et de Hitler, pour ne citer qu’eux. Le cas d’Adolphe Hitler est particulièrement intéressant car il montre parfaitement comment un homme somme-toute ordinaire, mais doté d’une capacité cette fois hors normes à galvaniser les foules, peut constituer une arme de destruction massive à lui seul. En révisant le cours, j’ai aussi découvert la notion de Stakhanovisme, cette propagande du régime bolchévique basée sur l’histoire de ce mineur (Stakahnov) qui aurait extrait en une seule journée de travail acharné 14 fois la quantité de charbon demandée. En réalité, cet ouvrier modèle n’a jamais existé, comme quoi pas besoin d’internet pour inventer des fake news et manipuler les gens. De toute façon, c’était ça ou le goulag, à ne pas confondre avec le koulak, le paysan propriétaire des années 30 en Union Soviétique.

Il y est donc question de totalitarisme, de dictature, de propagande, d’endoctrinement, de culte de la personnalité, ce qui n’est pas sans rappeler Poutine, Xi Jimping et dans une moindre mesure la politique moderne qui doit toujours être incarnée pour pouvoir avoir une chance de gagner car les gens ont beau aimer la liberté, ils aiment encore plus avoir un chef qu’ils puissent suivre, souvent aveuglément. L’histoire nous enseigne ça. Quand on voit comment ça fonctionne à LGI avec Jean-Luc Mélanchon, on a vraiment l’impression de revivre au temps de l’URSS. Mais il n’est pas le seul, on voit bien qu’Emmanuel Macron a une certaine estime de lui-même et du rôle du Président dans la Ve République, c’est tout le problème d’ailleurs. La politique est avant tout une question d’ego, pas d’idées ni de programmes. Celui qui a le plus gros, l’emporte.

Dans ce cours d’histoire, il est aussi question d’antisémitisme bien entendu puisque ce sentiment millénaire s’est particulièrement exprimé au XXème siècle avec l’extermination industrielle organisée par le régime Nazi. L’antisémitisme qui resurgit aujourd’hui du fond de l’inconscient collectif avec la riposte disproportionnée d’Israël sur Gaza suite aux attentats du 7 octobre est un vrai sujet, qui occupe d’ailleurs une place significative au sein des débats. Il est vrai cependant qu’avec cette stratégie, Israël est certain d’alimenter la haine à l’encontre des Juifs pour quelques millénaires de plus. A ce propos, j’étais à une petite fête samedi soir chez des amis de longue date, des amis d’un peu tous les bords politiques, la politique qui d’habitude ne venait jamais alimenter les conversations, avant. Tout à coup, l’un d’eux, aidé par quelques grammes d’alcool par litre de sang et la percée du RN aux élections européennes sort soudain la phrase qui tue : Tout ça c’est la faute des Juifs, dit-il ! Ils accaparent plus de la moitié de la richesse mondiale. J’en suis tombé de ma chaise. Non pas parce que ce con venait de libérer sa langue de vipère, mais parce que les autres contestaient non pas le fait qu’il attaque les Juifs, comme « Les Juifs » voulait dire quoi que ce soit d’ailleurs, mais ils s’interrogeaient sur ce chiffre symbolique de la moitié de la richesse mondiale. Oh les gars, je suis dans un cauchemar ou quoi ? On est où là ? En Allemagne en 1933 ? Cela ne choque personne ce qu’il vient de dire ce connard ? Eh bien non apparemment, voilà le résultat du vote RN, chacun se croît permis de répandre sa merde sur la place publique. Cela nous promet des lendemains qui déchantent car l’Histoire nous enseigne qu’il faut se méfier des gens ordinaires aux pensées ordinairement délétères.

Fatigué du régime de révision auquel je le soumets, mon fils me dit, de toute façon ça ne sert à rien tout ça, toutes ces révisions que tu me fais faire, le brevet je l’ai déjà – car il a la chance d’avoir une tête bien câblée et de bonnes notes sans forcer son talent, une chance qui a bien entendu ses limites, surtout si on se met à baisser son froc en maths ! Je lui réponds, là n’est pas la question. On s’en fout de savoir si tu as déjà le brevet ou pas. La question est celle de ta culture générale. A quoi ça sert la culture générale, à rien, me répond il par provocation. Eh bien si petit con, ça sert à te faire ta propre opinion du monde qui t’entoure, à ne pas te faire influencer, pour ne pas dire davantage, par des imbéciles mal intentionnés sur les réseaux sociaux ou sur les plateaux tv, ça sert à aiguiser ton esprit critique pour tracer ton propre chemin de manière éclairée, car le savoir est une arme, la plus puissante d’ailleurs.

Voilà au fond ce que je voudrais qu’il retienne de ses cours d’histoire, que l’histoire sert à éclairer l’avenir, pour éviter de reproduire sans cesse les mêmes erreurs, des erreurs dont les conséquences peuvent être terribles. Voilà à quoi sert l’Histoire mon ptit gars !

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