# CinémiX

Ce qui me meut

20 avril 2022

Ce qui me me meut, du verbe mouvoir. Mouvoir comme bouger, remuer, bousculer. Qu’est-ce qui vous meut, vous, dans la vie ? Vaste question ! Moi, à brûle pourpoint, comme dirait mon illustre aïeul normand Guillaume le Conquérant, je dirais le sport, forcément. Pour moi, c’était le basket, que ce soit sur un terrain avec mes copains d’enfance ou devant un écran à regarder jouer Michael Jordan et ses coéquipiers des Chicago Bulls.

Mais bien évidemment, cette expression s’entend aussi et surtout sur le plan émotionnel. Mes enfants me meuvent, ils m’émeuvent, surtout quand je repense à leurs rires quand ils étaient petits. Il m’énervent aussi, maintenant qu’ils sont ados. Ma chérie m’émeut et me meut, j’ai bien dit ma chérie me meut et non ma chérie meuh meuh hein ! Il ne s’agirait pas de la prendre pour une vache, même une vache qui rit ou une vache mauve au chocolat Milka.

Le cinéma me meut, évidemment. Je ne listerai pas tous les films qui m’ont arraché des larmes tant la liste serait longue car le grand écran n’a pas son pareil pour vous projeter dans la vie et les tripes d’un autre, un voyage immobile au coeur de la matière humaine. Le cinéma m’a aussi mu physiquement, je me revois encore à la séance de Rocky IV où je ne fus pas le seul à me lever de mon fauteuil pour boxer ce Russe à la tête de brosse à chiotte. Aujourd’hui encore, je boxerais bien un certain Vladimir P., autre citoyen russe de son état. Là malheureusement, ce n’est pas du cinéma. Je dis ça mais si je le croisais, cet ex-agent des services secrets au sang froid comme un serpent, il est fort probable que je m’écraserais tel un Tchétchène aux cabinets ou un Sarkozy à peine auréolé de son nouveau statut de Président et qui fut mis KO dès le premier round. 

La musique et le chant m’émeuvent, me transportent littéralement. Qu’il s’agisse d’un soprano au pied de la cathédrale de Strasbourg, d’une famille noire américaine entonnant du gospel sous un pont dans Central Park, d’une chorale dans la chapelle du château de Windsor lors la messe de 17h un dimanche d’hiver, d’un trio polyphonique corse, d’une chanteuse danoise seule au piano… toutes les rencontres musicales que j’ai faites dans ma vie restent gravées dans ma mémoire pour toujours. 

La danse me meut, bien que je danse comme un pied, encore qu’un pied c’est pas si mal pour danser, même si deux c’est mieux mieux.

Ce qui me meut, c’est aussi le nom de la maison de production de Cédric Klapish et la danse est la toile de fond de son dernier film : En corps (1). Je suis tellement content de retrouver Klapish après cette parenthèse désenchantée que fut le Covid, période pendant laquelle beaucoup de sorties furent mises en stand by, dont En corps, où l’histoire, somme toute classique comme un tutu, d’une danseuse de ballet et qui se blesse et doit se réinventer, réinventer une vie alors qu’elle a tout donné à la danse. Amatrice de cuisine, elle suit deux amis et leur food truck jusqu’au fin fond de la Bretagne où une femme que la vie a également cabossée a transformé une vieille ferme en résidence d’artistes. 

J’y retrouve avec un plaisir certain le même duo que dans Ce qui nous lie (2), François Civil et Pio Marmaï, mon pote Pio (lire Cinéphile). Dans Ce qui nous lie, ils étaient deux frères du vignoble bourguignon ne sachant que faire des vignes du père, décédé prématurément. Dans En corps, François Civil est un kiné très spirituel (du genre à faire une retraite dans un ashram en Inde) et surtout très amoureux de sa danseuse de patiente. Pio est lui un cuisto inspiré, éternel ours mal léché mais qui sait aussi faire rire en jouant le zombie dégoulinant de sauce tomate. Et la sauce prend, comme toujours avec Klapish me concernant, on est au diapason, en harmonie, avec les personnages, on est à leurs côtés.

Je suis également heureux d’y retrouver Muriel Robin, que je n’avais pas vue au cinéma depuis une éternité. Cette femme, cette actrice, a une telle intensité dans le regard, l’émotion à fleur de peau, que lorsqu’elle vous assène une vérité, vous la prenait en pleine poire, genre KO poutinien. Et sa tirade à Elise, le personnage principal, sur la chance d’être belle, à retenir.

Simple hasard, concours de circonstance, coïncidence cosmique ou quantique comme il y en a tant, au retour de la séance, ma fille regardait de son côté L’Arnacoeur (3). Pour moi, la scène de danse en forme de remake de Dirty Dancing entre Duris, un des acteurs fétish de Klapish, et l’oiseau tombé du nid, Vanessa Paradis, est réellement jubilatoire.

Voilà ce qui me meut ! A vous maintenant 😉


Filmo

(1) En Corps, de Cédric Klapish, 2022

(2) Ce qui nous lie, de Cédric Klapsih, 2017

(3) L’Arnacoeur, de Pascal Chaumeil, 2010

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