Dirty dancing

Une Première Ministre a-t-elle le droit de danser ? Telle est la question que nous pose Sanna Marin, Présidente du Parti social-démocrate de Finlande et Première ministre donc depuis 2019. Hier soir, Sanna faisait la fête avec ses copines, car Sanna a des copines qui font encore la fête, car Sanna n’a pas 63 ans mais seulement 36. Ah il fait moins le malin Macron, il a trouvé plus jeune que lui à la tête d’un pays, et plus canon aussi ! Car Sanna a également le gros défaut d’être belle. Après une enfance pas simple, tiraillée entre un père alcoolique et violent, et une mère qui a fini par l’élever seule, elle a hésité entre faire mannequin et Première ministre, elle a tiré ça à pique nique douille et opté pour une carrière politique.

En apprenant l’existence de cette polémique de danse floor, je me suis dit, encore une vidéo prise à l’insu du plein gré de l’intéressée, maudits smartphones qui transforment n’importe qui en paparazzi ! Alors, comme des millions de gens à travers cette petite planète, je me suis précipité sur Google pour voir cette fameuse vidéo de première ministre qui danse. Et là, premier constat, la vidéo n’est pas du tout prise contre son gré, au contraire, puisque Sanna, épaules nues et petit haut noir sexy, joue clairement avec l’objectif en prenant des poses assez, comment dire, sensuelles, allant jusqu’à se mettre à genoux par terre tout en mitraillant la caméra des yeux. Bon ! Ok. C’est quand même pas la meilleure idée de l’année pour cette jeune politicienne de premier rang. Il est vrai que si on avait vu Edith Cresson danser la lambada avant de se trémousser le coquillard par terre, on se serait dit, waouh elle a dû prendre de la bonne pour se retrouver dans pareil état, mais bon c’était Edith Cresson, une femme à côté de qui Droopy passerait pour un joyeux drille. Ceci dit, cela vaut aussi pour la pimpante Christine Lagarde. Si on voyait Chri-Chri dans une telle soirée, on serait en droit de se demander si la Banque Centrale Européenne où se joue l’avenir de l’Euro est entre de bonnes mains. Non pas qu’elle n’ait pas le droit de faire la fête, mais il y a fête et fête. D’ailleurs, la droite finlandaise a eu le même réflexe que moi en demandant à ce que la Première ministre se soumette à un test de dépistage de consommation de drogues, réponse quelques jours plus tard. Ils auraient pu demander à Beigbeder, cela aurait été plus rapide. Lui vous aurait dit en deux coups de cuillère à pot de colle si la miss avait sniffé avant glisser au sol ou pas.

Bien entendu, les féministes du monde entier, chiennes de garde prêtes à bondir de leurs niches au moindre coup de pub potentiel, se sont indignées qu’on fasse pareil procès à Sanna Marin alors que jamais on n’aurait demandé à un homme de se soumettre à ce type de test. Boris Johnson, alias Bojo, acronyme étrangement proche de bozo vous ne trouvez pas, s’en met plein la cravate tous les week-ends au 10 Downing Street, y compris pendant les différents confinements outre-manche, et personne ne lui demande jamais de pisser dans un bocal. Et heureusement d’ailleurs, on ne sait pas trop ce qu’on y trouverait. Alors réaction machiste ou pas ? Oui sans doute, quand on est une femme, jeune, belle, sympa et qu’on est Première ministre, y a un paquet de gens qui rêvent de vous voir vous péter la gueule dans les escaliers et vous ratatiner tout en bas du tapis rouge. Le monde est sans pitié avec les responsables politiques, pire que ça, il est fondamentalement jaloux de la réussite des uns, et faut pas compter sur les médias et les réseaux sociaux pour atténuer cette tendance naturelle au cannibalisme, au contraire même, ils jetteront toujours la première pierre et lyncheront leurs victimes jusqu’aux derniers lambeaux.

Pour faire court, on dira qu’il s’agit d’une erreur de jeunesse. Bien sûr qu’elle a le droit de faire la fête avec ses copines et se trémousser face à la caméra. Mais elle n’est pas sans ignorer qu’elle n’est pas une personne comme une autre, elle est la Première ministre, bordel ! Quand on est Première ministre, il y a des choses qu’on ne peut plus se permettre, c’est une question d’image. Chirac se baladait bien en slip dans son château il est vrai mais c’était Chirac. Y en a pas deux des comme lui ! Y a bien Nadine Morano qui peut tout oser mais quand on a deux sous de jugeote, on évite de se mettre dans ce type de draps, surtout encore une fois, quand on est belle, jeune et Première ministre !

Sanna, souviens-toi de la formule latine si chère à Asics : « Anima sana in corpore sano ». Un esprit sain dans un corps sain. A bonne entendeuse…