# CitizenX

Le fils de la factrice

6 novembre 2020

J’ai grandi dans une famille peu politisée, je crois même ne jamais vraiment avoir entendu parler politique à la maison. Ma mère, issue d’une famille nombreuse, factrice et fille de facteur, se voyait plutôt à gauche. Quant à mon père, commercial et fils d’agriculteur, il se disait lui plutôt à droite. J’avais donc toutes les raisons d’être plutôt centriste, d’autant que je suis enfant unique.

En 1981, ma mère a voté pour Mitterrand. Elle m’a toujours dit qu’elle n’avait jamais pardonné à Giscard l’affaire Christian Ranucci, autrement appelée Affaire du pull-over rouge, retrouvé non loin d’un gamin assassiné et qui vaudra au jeune Ranucci la peine de mort. La peine de mort était un sujet important pour ma mère et de ce point de vue, Mitterrand ne l’a pas trahie puisqu’on lui doit sa suppression, à moins que ce ne soit grâce à Robert Badinter.

Mon père a voté Chirac. Fils de paysan comme je vous le disais, il n’avait pas oublié la période 1972-1974 où Chirac fut un ministre de l’Agriculture et du développement rural très populaire du gouvernement Pompidou. Il aimait surtout son punch et son côté jovial à la paluche facile. A les regarder de près, on aurait pu se demander qui était de droite et qui était de gauche.

Et moi je n’ai pas voté car j’avais cinq ans. Mais si j’avais voté, j’aurais voté pour Georges Marché, parce qu’il avait le même prénom que mon grand-père. Eh oui, à cinq ans, on a des critères de décision assez limités. Je plaisante évidemment, tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes. Ceci étant, j’ai toujours aimé les prestations télé de Georges Marché, sa voix, sa faconde, sa façon de dire Monsieur Mitrand. Un vrai animal politique celui-là et un vrai spectacle. Un bon client comme on dit chez les journalistes.

Si j’avais dû voter, avec mes idées d’aujourd’hui, j’aurais été bien en peine mais je pense que j’aurais quand même voté pour Mitterrand, comme ma mère. Et pourtant, entre sa jeunesse pour le moins droitière, sa période vichyste, le faux attentat de l’observatoire, l’affaire des Irlandais de Vincennes, le Rainbow Warrior, son cancer caché, son implication et celle de son fils Jean-Christophe dans la Françafrique, sa validation des condamnations à mort quand il était Garde des Sceaux pendant la guerre d’Algérie, la mort de Bergovoy, les écoutes téléphoniques, l’entretien de sa fille par les deniers de l’Etat, etc. etc. ce n’est plus des casseroles qu’il a Mitterrand, c’est un magasin Darty à lui tout seul. Difficile de valider un tel bilan, pourtant emblématique d’une certaine période de la politique française.


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