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Les Misérables

30 juin 2024

Tel Victor Hugo il y a presque deux siècles, j’ai décidé de fuir la France pour Jersey suite au coup d’état non pas de Napoléon III mais de Jordan Bardela, emportant avec moi tous mes millions puisque pour venir vivre ici il faut soit épouser une Jersoise, soit avoir un métier recherché (médecin, prof, etc.), soit hériter d’un vieil oncle Brit, soit, dernier cas, apporter tout un tas de millions sur ce bout de caillou de la Manche où circulent chaque année près de 300 milliards d’euros, l’un de ces trop nombreux paradis fiscaux planqués au sein même de l’UE qui noyautent l’union de l’intérieur.

Non bon, je plaisante, je n’ai aucun million à investir, n’ayant que des centimes, je me contente d’être sentimental à défaut d’être millionnaire, mais je suis bel et bien à Jersey en ce jour d’élection capitale pour le destin de l’hexagone. Clin d’œil du destin comme je les aime tant, il était programmé hier soir tard sur M6 le film Les Misérables, celui de Claude Lelouch (1).

Je vous invite à revoir ce film, qui n’a peut-être pas été choisi par hasard à ce moment-là de notre histoire collective, l’adaptation par Lelouch du Chef d’œuvre d’Hugo, commencé en France en 1845, poursuivi à Jersey et terminé à Guernesey puis publié en 1862, pour le succès que l’on connait. Je vous invite en particulier à revoir la scène où Annie Girardeau, une paysanne du Jura mariée à son poivrot de mari, parfaitement incarné par le regretté Philippe Léotard, le frère de François, demande à André (Ziman), un Juif qui a tenté de fuir en Suisse avec sa femme, de lui faire l’amour, à elle la paysanne que personne n’a touché depuis des années. Franchement, cette scène est une des plus belles scènes que j’ai vue de ma vie de fan de cinéma, qui est non sans rappeler la cérémonie des Césars où elle a reçu un César d’honneur après avoir été mise au placard pendant des années. Je ne sais pas si je vous ai manqué, dit-elle en substance, mais en tout cas moi le cinéma m’a manqué ! Le cinéma, cet univers sans pitié où l’on vous met en haut de l’affiche un jour et on vous oublie le lendemain. Je me souviens également qu’à la cérémonie organisée l’année de la mort de Jacques Villeret, personne n’a mentionné son nom. Jacques Villeret ! Allô ! Y a quelqu’un dans la salle ? Parce que ce que le public ignorait que la profession savait, c’est que l’artiste était un alcoolique notoire au caractère irascible comme il se doit quand trop on boit. La profession lui a donc fait payer sa tournée, d’adieu.

Mais revenons à Jersey, Hugo et aux Misérables. L’auteur de XIXème siècle nous invitait alors à la réflexion alors qu’un régime autoritaire se mettait en place en France. « Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée que Dieu fait, tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »

Inutile par contre d’en dire davantage, sauf à constater tout le génie de Hugo et la dimension intemporelle de son œuvre.


Sources / Références

(1) Les Misérables, de Claude Lelouch, 1995

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