Paris est tragique !

Les dieux du football en ont décidé ainsi, le PSG ne gagnera pas la Ligue des Champions, en tout cas pas avec Kylian Mbappé comme attaquant. On ne peut pas dire qu’ils n’ont pas essayé, les fans eux diront sans doute qu’ils n’ont pas assez attaqué, pas assez été vers l’avant, personnellement je trouve qu’ils ont été suffisamment offensifs, seulement leurs tirs ont touché six fois les poteaux, barre transversale incluse, entre le match aller et le match retour. Six fois ! Un poteau, une barre, peut être rentrant, sortant, centrant, selon que votre ballon touche l’angle intérieur, extérieur ou aucun angle dudit poteau. Un poteau, c’est Diego, un poteau c’est la main de Dieu, c’est le destin, c’est un coup de dé, de la physique quantique ou ce que vous voudrez, en tout cas cela échappe à la raison et à la volonté du joueur qui tire. A un centimètre près, ça rentre et le match n’a plus du tout la même allure. Mbappé et ses camarades parisiens ont touché six fois le poteau et six fois la balle est repartie dans une autre direction que celle des filets, six fois ils ont demandé à marquer, six fois le destin leur a dit non, pas cette fois-ci, mêmes joueurs jouent encore. En face, ceux de Dortmund n’ont eu besoin que de deux occasions pour se qualifier pour la finale face au Real ou au Bayern, ce fameux Bayern qui avait privé le PSG de la coupe aux grandes oreilles en 2020 avec un but assassin du français Kingley Coman. J’espère que le Real va gagner, une finale 100% allemande, ce serait mal venu en cette année des 80 ans du débarquement allié en Normandie. Mais le foot n’est pas la guerre, c’est un jeu à onze contre onze à la fin duquel, c’est l’Allemagne qui gagne. Askip. Affaire à suivre ce soir.

On pourra refaire ce match, demander un pénalty ou deux, regretter que Donnarumma n’ait pas été plus solide dans sa surface et s’imposer dans les airs face à Hummels plutôt que de rester planté là sur sa ligne de but. On pourra mais on ne le fera pas car cela ne servira à rien. Les dés sont jetés, le PSG est éliminé, l’ambition du Qatar de créer un club capable de gagner la Ligue des Champions en plein désert footballistique français a encore échoué. Que sera le PSG sans Mbappé ? L’avenir nous le dira. Le PSG sous l’ère qatarie a eu d’autres grands attaquants, Zlatan, Cavani, Messi, Neymar… mais force est de constater qu’il faut plus qu’un grand attaquant pour faire une grande équipe. Il faut plus que des milliards pour faire des trophées. Patience et longueur de temps !

Hier, Bernard Pivot nous quittait à l’âge de 89 ans, un grand amateur de littérature bien sûr, et de football également, il ne faudrait pas l’oublier. Qu’aurait-il pensé de cette tragédie sans cesse recommencée du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions ? Chat GPT définit la tragédie ainsi : « Une tragédie est une forme de drame littéraire ou théâtral qui représente des événements graves et souvent désastreux dans la vie des personnages principaux. Traditionnellement, une tragédie met en scène des protagonistes nobles ou héroïques confrontés à des forces ou des circonstances qui les dépassent, aboutissant souvent à leur chute ou à leur destruction. Les thèmes de la destinée, du destin inéluctable, des conflits moraux et des conséquences des actions humaines y sont souvent explorés. Les tragédies classiques grecques, telles que celles de Sophocle et d’Euripide, ont posé les bases de ce genre littéraire. »

Mbappé a un petit côté héros grec je trouve, mais je ne le vois pas jouer le rôle d’Œdipe tuant son père et épousant sa mère, ce serait ingrat de sa part, il ne serait sans doute pas le même joueur s’il n’avait pas eu Wilfrid Mbappé pour père, ancien joueur de niveau régional au Cameroun et entraîneur des U15 de Bondy. Mbappé ressemble un peu par contre à Médée, phonétiquement au moins, cette sorcière et princesse barbare qui tombe amoureuse de Jason et pour lui trahit sa famille et son pays. On pourrait considérer le Real Madrid, prochain club de notre star nationale, sous les traits de Jason tandis que pour les supporters, le voir quitter le club de la capitale, non loin de là où il a grandi et bondi, est clairement une forme de trahison. Mais la vie du football est ainsi faite, il faut aller ou le vent, et l’argent, te mène. C’est peut-être ça le plus tragique au fond.

Il reste cependant un club français en coupe d’Europe, Marseille. Marseille est aussi le seul club français à avoir jamais remporté la Ligue des Champions. Tous ceux qui étaient nés en 93 et en âge de regarder la télé s’en souviennent sans doute encore, de cette tête magique de Boli. Quel souvenir, quelle émotion footballistique ! Et Tapis en larmes qui coure partout comme un foo sur la pelouse après le coup de sifflet final, lui qui ira faire un stage en prison quelques mois après. Tapis aussi aurait fait un formidable héros de tragédie grecque également.

Alors, pour terminer ce billet rond comme un ballon, j’aurais une pensée émue pour les deux Bernard, Pivot et Tapis, et pour Mbappé qui sera madrilène la saison prochaine.

Paris est tragique !