# GeographiX

Révisions de géo

27 juin 2024

La géo aussi est intéressante pour comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là aujourd’hui, là c’est de devoir choisir entre l’extrême droite et l’extrême gauche pour diriger la France pendant les trois prochaines années.

Que nous apprend à cet égard le cours de géographie des élèves de qui passeront bientôt le brevet ? On y apprend notamment que 80% des Français vivent en zone urbaine, qu’il s’agisse du centre-ville, de la banlieue ou des aires périurbaines qui se sont fortement développées ces dernières décennies. Seuls 20% des Français par conséquent, vivent en zone rurale, où le nombre d’exploitations agricoles est par exemple passé de 2 millions dans les années 50 à moins de 500 000 aujourd’hui. Un mouvement de fond qui va encore s’accentuer puisque pour un jeune agriculteur qui s’installe, quatre partent à la retraite. Le secteur agricole représente aujourd’hui 3% de la population active. Les problèmes vécus par les gens qui vivent à la campagne sont devenus si criants, désertification, disparition des services, qu’ils soient marchands (commerces, cafés, etc.) ou publics (éducation, santé, culture, etc.), qu’il faut être sourd pour ne pas les entendre. Quand des écoles ou des maternités ferment, cela fait mécaniquement les affaires du Rassemblement National car ils sont les premiers à récolter les raisins, et les raisons, de la colère.

On se focalise souvent dans les médias sur les inégalités économiques et sociales, mais on oublie les inégalités géographiques, deux phénomènes évidemment en corrélation.

Les problèmes, pour les 80% de Français qui vivent dans les zones urbaines sont de nature différente. Pour eux, le sujet c’est par exemple le logement, ou comment réussir à se loger correctement quand on n’a pas un revenu suffisant, ce qui est le cas du plus grand nombre et en particulier des plus jeunes. Le prix de l’immobilier urbain, surtout en centre-ville, a explosé entre la fin du XXème et le début du XXIème siècle. Résultat, beaucoup de gens ont été contraints d’aller chercher plus loin, en banlieue ou en zone périurbaine, leur logement, appartement ou maison, obligeant à faire des heures de transports chaque semaine pour aller bosser.

Pour les urbains vivant en banlieue justement, un autre problème est celui de la densité de population et de la sécurité. Pas partout non, mais dans un certain nombre de banlieues françaises, la délinquance et le trafic de drogues se sont fortement développés au point que même la police n’ose plus y patrouiller, de peur de se faire caillasser. A gauche, on fait semblant de ne pas voir ces problèmes spécifiques, se contentant de regretter les difficultés d’intégration et le racisme, sans toutefois proposer de solutions concrètes pour redonner aux habitants la certitude de pouvoir vivre et se déplacer sans se faire agresser. A l’extrême droite, on surfe littéralement sur les problèmes de la banlieue, qu’elle soit marseillaise, lyonnaise, parisienne ou autre, à chaque émeute, chaque agression, chaque fait divers, le RN engrange des points.

S’agissant de Paris, la capitale française concentre 75% des sièges sociaux des grandes entreprises et un tiers du PIB national pour à peine 20% de la population. Sans parler des instances politiques, puisque la totalité des ministères, le palais du Premier ministre (Matignon) et celui du Président (L’Elysée) se situent tous, comme vous le savez, à Paris. Nous avons donc dans ce pays une vraie problématique de répartition géographique du pouvoir public entre Paris et le reste de la France. Cela n’est pas sans conséquence car un Parisien voit toujours les problèmes des provinciaux de loin et de haut. Car à Paris, on n’a pas vraiment de problème économique significatif, on ne sait pas ce que la désindustrialisation signifie, à part les fonctionnaires de Bercy qui connaissent bien la définition sur le papier mais très peu les conséquences concrètes sur le terrain, pour les gens qui vivent à proximité des anciennes usines, devenues aujourd’hui des friches industrielles, des zones de désespoir surtout.

La géographie nous apprend parfaitement à cet égard où sont les territoires dynamiques et où sont les territoires en difficulté, de quoi permettre aux pouvoirs publics d’agir de manière spécifique s’ils veulent bien s’en donner la peine.

On voit sur cette carte que les zones littorales font globalement preuve d’un meilleur dynamisme économique, du fait notamment du développement touristique puisque notre pays est celui qui accueille le plus de touristes étrangers au monde. Une vraie valeur ajoutée sur laquelle certaines régions savent mieux capitaliser que d’autres. Le sud attire également grâce à des conditions météo plus favorables que dans le nord, même si ces zones ne sont pas nécessairement homogènes.

Les territoires de faible densité (inférieur à 30 habitants au km2), qu’ils soient situés en campagne ou en montagne ont aussi des atouts à faire valoir, une meilleure qualité de vie, plus au contact de la nature, de plus grands espaces d’habitation, moins chers, de nombreuses activités de loisirs, été comme hiver. Seulement, il faut pouvoir y trouver du travail et des services publics, pour soi et pour toute la famille.

Parcourez un cours de géo de collégien et cela vous sautera aux yeux. La France a tellement d’atouts sur son territoire, tellement de diversité et de richesses naturelles, qu’on ne comprend pas qu’elle ne sache pas en tirer profit de manière plus harmonieuse et égalitaire. C’est que la France est encore une fois dirigée par Paris et les grandes métropoles, le pouvoir est concentré entre les mains de quelques-uns qui n’entendent rien à la vie des autres, ou font semblant, juste semblant. La décentralisation est un vieux thème que l’on entend dans les discours mais que l’on voit peu dans les actes. Décentralisons pour de vrai, envoyons les gratte-papier des ministères parisiens dans les régions et nous en récolterons vite les fruits. Pour celui, une politique fiscale incitative peut être un atout. Plutôt que de supprimer l’impôt sur le revenu des moins de 30 ans, supprimons celui de ceux qui s’installent dans des régions ou des zones rurales, médecins, entrepreneurs, commerçants, artisans, artistes… Le sujet est vaste et complexe, mais il est à prendre à bout de bras.

En conclusion de ma dissert de brevet, je dirais que les problèmes et les inégalités géographiques, que ce soit à l’échelle du pays tout entier ou d’une ville, sont parmi les causes majeures de la montée de l’extrême droite en France. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre la carte électorale des votes, quand la France des villes, et surtout des centre-ville gentrifiés continue de voter un peu à gauche, la France des champs vote massivement à droite. Si le message n’est pas assez clair, après tout peut-être faut-il que le RN remporte les législatives pour qu’il le devienne davantage !

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