Piketty
En toute franchise, je n’ai pas eu le courage de terminer les 1000 et quelques pages de ce bouquin, ni même de les commencer, soyons honnête jusqu’au bout, aussi suis-je bien content que le magazine Challenges en ait fait un résumé, et même un résumé du résumé – c’est dire si c’est long !
Le voici :
1- Dans les années 10 et 20, aux débuts de la révolution industrielle, tous les pays occidentaux étaient extrêmement inégalitaires
2- Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les sommes déclarées par ces mêmes « privilégiés » est passée de 9% à plus de 20% du total des revenus.
3- En Europe, la progression des inégalités est moins spectaculaire mais cependant réelle.
4- Les inégalités de propriété sont bien plus extrêmes que les inégalités de revenus.
5- En Europe, les deux guerres mondiales ont pratiquement annihilé les grands patrimoines.
6- Aux Etats-Unis, les destructions des guerres ont été moins massives.
7- Depuis trente ans, un phénomène de reconcentration des patrimoines dans les mains des plus fortunés est à l’œuvre.
8- La thèse centrale du livre repose sur une « loi fondamentale du capitalisme »: r>g, où r est le taux de rendement du capital (intérêts, dividendes, royalties, loyers, plus-values financières et immobilières…) et g la croissance économique.
9- En prenant les impôts en compte, le rendement net du capital est resté en-dessous de la croissance.
10- Or ce régime de croissance faible va redevenir l’ordinaire des pays développés.
11- En parallèle, la rentabilité du capital s’est regonflée ces dernières années.
12- Du coup, la loi d’airain de r>g s’impose désormais.
13- La supériorité des gains de revenus du capital par rapport aux gains de revenus du travail (r>g) profite plus aux plus riches.
14- La dynamique inégalitaire d’accroissement du capital est renforcée par la divergence des rendements du capital entre les très riches et les autres.
15- Au niveau des milliardaires, ça va plus vite encore.
16- La valorisation croissante des patrimoines (voir plus haut « chapitre » 10) consacre le retour d’importance de l’héritage.
17- Sur la durée, la loi r>g donne donc un poids croissant à l’héritage.
18- Dit autrement, en France, seulement 2% des individus nés entre 1910 et 1930 ont reçu en héritage l’équivalent d’une vie de travail.
19- Pourtant, au niveau des grandes fortunes listées par les classements de Forbes ou Challenges, les héritiers semblent cependant bien moins présents que les entrepreneurs.
20- Après le krach de 1929 et encore plus après la deuxième guerre mondiale, les Etats ont instauré des impôts progressifs avec des taux délibérément confiscatoires passé un niveau de richesses jugé excessif.
21- D’où la solution de Piketty d’accroître la pression fiscale sur les grandes fortunes pour forcer ce différentiel à se resserrer. Il préconise d’instaurer une sorte d’impôt de solidarité sur la fortune au niveau mondial ou au moins européen.
Source : https://www.challenges.fr/economie/le-capital-au-xxie-siecle-ce-qu-il-faut-retenir_17908
Le problème avec Piketty, comme avec les théoriciens de manière générale, c’est qu’il qualifie lui-même son travail d’utopie utile, c’est à dire un ensemble de recherches qui aboutissent à des recommandations dont il sait que personne ne les appliquera jamais mais lui il aura fait le job. C’est certain, on ne pourra pas lui en vouloir mais en attendant cela ne fait pas avancer le schmilblik
Car schmilblik, il y a ! Le schmilblik c’est l’écart de plus en plus important entre riches et pauvres, l’appauvrissement inexorable de la classe moyenne, la disparition de l’emploi, siphonné par la digitalisation des économies et surtout la course sans fin à la croissance au détriment de la planète.
Piketty ne prétend pas résoudre le problème écologique mais comme il le souligne, il y a une arme puissante contre les inégalités, c’est la fiscalité. Et ce qu’on peut faire sans difficultés, c’est réduire la fiscalité sur les revenus du travail et augmenter la fiscalité sur ceux du capital. Depuis 30 ans, on fait exactement l’inverse, au point qu’il est plus intéressant d’être rentier ou financier que de travailler. Et après on se plaint que les gens n’ont plus envie de travailler. Mais dans ce pays, si vous travaillez et qu’éventuellement vous gagnez bien votre vie, vous êtes énormément imposé. Quel intérêt de travailler plus, comme le proposait Sarkozy, si c’est pour gagner moins. Mieux vaut rester dans son fauteuil et faire fructifier son capital. Vous êtes toujours taxé mais au moins vous ne vous cassez pas les pieds à travailler.
Si on veut réduire les inégalités, il faut revaloriser le travail, en particulier celui des plus modestes, revaloriser cela veut dire payer mieux, moins imposer le fruit du travail et surtout taxer davantage celui de la rente, pour la décourager, car la rente n’apporte rien à l’économie. Et pour ça, qu’est-ce qu’on dit ? On dit merci à Piketty.
Merci Pïketty !
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