# PolitiX

9 juin

10 juin 2024

9 juin 2024, jour d’élection européenne et second jour le plus long !

Commençons par mon exercice préféré, l’ouverture d’enveloppe. Scratch, scratch, alors qu’avons-nous dans ce gros paquet de papier ? Dans l’ordre, Lutte ouvrière enrobe l’ensemble des autres listes et professions de foi, j’ignore pourquoi. « Que nous soyons ouvriers, caissières, employés, aides à domicile, artisans, petits producteurs ou enseignants, nous produisons les richesses et contribuons à faire vivre le pays. Mais qui en profite ? Les parasites qui décident de tout… » Oula, arrêtons-nous là tout de suite, « les parasites qui décident de tout », on voit dores et déjà que le stalinisme n’est pas enfoui très profond, donnez le pouvoir à Nathalie Arthaud, enseignante, et certains iront directement au goulag, en saignant. Suivant !

L’Europe ça suffit ! Avec Florian Philippot, ex Front National, avec comme baseline, Sortir de l’Union Européenne ! Là, c’est carrément de l’humour, le type se présente aux élections européennes pour sortir de l’Union Européenne. On se croirait dans un épisode la série Parlement (1) où l’Anglaise chiale après avoir voté pour le Brexit car elle ne s’était pas rendu compte que ce faisant elle n’aurait plus de job, elle la députée européenne britannique. Next !

Pour l’Europe des nations, contre l’Europe de Macron, avec Jordan Bardella et le Rassemblement National. Submersion migratoire, sécurité, valeurs, civilisation, patriotisme… ces mots nous rappellent des souvenirs, surtout trois jours après les commémorations du 6 juin, des souvenirs dont on connaît bien les conséquences. Le nationalisme exacerbé conduit à la guerre, qui peut être aléatoirement ou successivement civile ou entre états-nations. Surtout, la rengaine est toujours la même, inchangée depuis Jean-Marie Le Pen, tout ça est la faute aux immigrés qui nous piquent notre travail, violent nos femmes, trafiquent de la drogue, etc. Je l’ai déjà exprimé il y a quelques billets, la France de Bardella et du RN, c’est les uns contre les autres, c’est le bordel là ! Suivant !

Changement de couleur avec Manon Aubry et la France Insoumise. Encore une fois, en politique comme en sport, les couleurs ont leur importance, la droite est bleue, couleur de l’aristocratie séculaire, la gauche est rouge ou rose, la couleur historique des mouvements communistes, la couleur du feu et du sang. Couleur froide pour la droite, couleur chaude pour la gauche, ce n’est pas moi qui le dis, c’est un fait, le bleu est froid, le rouge est chaud. Que nous disent Manon et LFI ? Blocage des prix, écologie, non au libre-échange et aux coupes budgétaires, commençons dès aujourd’hui l’après-Macron ! Gaza et l’Ukraine n’arrivent qu’en septième position de leurs dix premiers combats, on sent que Jean-Luc Mélanchon a dû accepter d’en rabattre un peu, lui qui s’est beaucoup exprimé pour défendre les Palestiniens et pourfendre les Israéliens. LFI est depuis quelques années la principales force de gauche, voyons si la dynamique perdure.

Changement de couleur à nouveau avec Les Républicains et FX Bellamy, une profession de foi très bleue, comme ses yeux et sa cravate, stricte, sérieux, le nouvel homme fort de la droite traditionnelle devenue faiblarde veut maîtriser notre destin. Il veut plus de liberté, moins de contraintes, plus de prospérité, plus de frontières, plus d’écologie et transmettre Notre culture, en assumant Nos racines plutôt que de les nier. Un programme de droite et droit dans ses bottes, avec en numéro deux sur la liste, Céline Imart, agricultrice dans le Tarn et en numéro trois, Christophe Gomart, officier général, ancien combattant des forces spéciales. Quand je vous disais que le bleu est une couleur froide.

Je passe en vitesse les partis de comiques tels que l’Alliance Rurale de Jean Lassalle, lui c’est carrément Lassalle de spectacle ! Je ne dis pas que les campagnes ne doivent pas être représentées, mais qu’elles se choisissent quelqu’un de plus sérieux car il y a de vrais sujets avec la ruralité à aborder en effet. Le Parti Animaliste, non mais c’est quoi ce truc ? J’adore les animaux mais on n’est pas dans un dessin animé où les personnages ont des têtes de renard, de loup et d’ours. Les animaux comptent certes, de là à élire un chat, si mignon soit-il, au Parlement Européen, y a des limites. Urgence Révolution ! avec le NPA représenté par Selma Labib, conductrice de bus et Gaël Quirante, postier licencié et syndicaliste. Je m’arrête un instant sur Gaël, le successeur de Besancenot, que j’aimais bien pour sa faconde et parce que je viens d’une famille de postiers. Sauf que Gaël, si j’en crois le tract, a été licencié, donc techniquement il n’est plus postier, car une fois qu’on a été viré de La Poste, généralement on n’y revient pas. On peut aller chez des transporteurs ou des coursiers, mais plus à La Poste. Donc en résumé, il n’est plus postier, licencié certainement, postier non. On comprend qu’en troisième point, il réclame l’interdiction des licenciements. Vous imaginez un monde où on ne peut plus licencier qui que ce soit, même le salarié qui vous fait chier, car il y en a, ou celui qui arrive toujours en retard, celui qui pique dans la caisse, celui qui passe son temps à dire du mal des collègues, etc. Soyons sérieux les gars, je veux bien admettre que le capitalisme n’est pas la panacée, seulement la dictature du prolétariat non plus, révisez vos cours d’histoire.

Je ne vous fais pas toute la liste des listes fantaisistes, telle que celle de Jean-Marc Governatori (Ecologie au centre), qui se présente ainsi : « Nommé deux fois meilleur gestionnaire de France, élu écologiste de Nice, engagé dans la vie associative, sportif, végétarien, je me déplace toujours en train ». Qu’est-ce que ça veut dire, meilleur gestionnaire de France ? S’il y a un mot valise qui veut tout et surtout rien dire du tout, c’est bien gestionnaire. Qu’est-ce que c’est qu’un gestionnaire ? Quelqu’un qui gère certes, mais il gère quoi au juste ? Quant à être élu meilleur gestionnaire de France, c’est encore mieux. Meilleur ouvrier, meilleur boulanger, meilleur village, ok on voit ce que c’est. Bien que c’est toujours subjectif. Meilleur gestionnaire non ! Et pour bien faire, son colistier est non-voyant, sans blague, pas difficile de lui en mettre plein la vue – désolé, elle est nulle j’en conviens.

La vraie nouveauté de cette élection européenne, c’est la résurrection de mon ancien parti, feu le PS, avec Raphaël Glucksmann, un patronyme qui peut porter chance vous avouerez. Faut dire que l’épisode Hidalgo n’avait pas été une réussite, cela a même obligé le parti à vendre son siège historique de la rue de Solférino. Raphael veut réveiller l’Europe et après l’Europe, sans doute voudra-t-il réveiller la gauche française, tout du moins la fédérer, réussir ce que Jean-Luc Mélenchon, trop clivant, n’a pas réussi à faire. Sur le fond, il n’y a aucun mesure réellement nouvelle ou révolutionnaire, un fonds de 100 milliards d’euros pour aider l’Ukraine, souveraineté industrielle, développement du train, écologie, logement, politique agricole revue, taxation des super profits, de la gauche light en somme.

Personnellement, j’ai fait confiance à Emmanuel Macron en 2017 et j’ai été déçu. En 2022, je suis retourné au PS, non pas que j’étais fan d’Hidalgo, j’aimais cependant l’idée de porter une femme au pouvoir. Comme beaucoup j’aurais aimé que Christine Lagarde se présente, mais elle n’était ni disponible, ni intéressée par le poste, elle nous faisait une Delors bis repetita, ou une DSK, les scandales sexuels en moins. Valérie Pécresse ? Francement, non merci ! Ses envolées lyriques fonctionnent peut-être au Grand Paris, pas au national. Quant à Marine Le Pen présidente, c’était pour moi, qui avait manifesté contre son père, inimaginable. Parfois cependant, il faut être capable d’imaginer l’inimaginable. Moi, j’aime avoir de la chance, alors j’ai voté Glucksmann.

Il est 20 heures, les résultats tombent ! Le RN est largement vainqueur avec plus de 30% des votes exprimés, et un taux de participation à 52%, dont il faut apparemment se réjouir car c’est plus qu’en 2019. C’est bien parce que c’est plus que moins en quelque sorte. Loin derrière : la liste présidentielle Besoin d’Europe (14,6%), Réveiller l’Europe (13,8%) et LFI (10%). Personne n’est surpris, les sondages annonçaient déjà ce résultat, et personne n’est choqué non plus car une extrême droite aux avant-postes n’émeut plus personne, les électeurs du RN sont désormais des électeurs ordinaires et ils sont même les plus nombreux. Alors Emmanuel Macron, l’homme qui symbolisera probablement la pire séquence politique de la cinquième République, a pris la décision qui semblait s’imposer à lui et à ses conseils de Mc Kinsey, une décision digne d’un joueur de poker menteur, à un mois d’une grande fête internationale et sportive, en l’occurence les Jeux Olympiques de Paris, il décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale, renvoyer le peuple aux urnes, comme si le message envoyé hier aux Européennes n’était pas assez clair, et ouvrir un boulevard du Rassemblement National. L’inimaginable devient à présent plus que probablement, si Marine Le Pen devra attendre pour s’installer à l’Elysée, Jordan Bardella sera lui le dernier porteur d’une double flamme, celle du FN et celle des JO, et ouvrira la cérémonie d’ouverture en tant que Premier ministre.

Emmanuel Macron, deuxième édition, avait dit qu’il serait un rempart contre l’extrême droite, bravo Monsieur le Président, mission accomplie !


Sources / Références

(1) Parlement, série de France TV diffusée à partir de 2020.

Vous souhaitez intéragir ? Écrivez un commentaire !

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • Ces financiers en blanc
    # SociétiX

    Ces financiers en blanc

    1 décembre 2022
    Cela faisait quelques temps que je voulais me les faire, mais je n'osais pas, car on ne critique pas des héros. Cette fois, c'est la fois de trop. Désolé, je risque de ne pas faire dans le consensuel mais tant pis, ...
    Lire la suite
  • Banquier punk
    # PolitiX

    Banquier punk

    13 janvier 2024
    J'enchaîne avec un deuxième billet sur un autre premier de cordée, après Gabriel Attal, voici Matthieu Pigasse. Ce qu'un technocrate peut brasser de d'air sans faire de vent, c'est impressionnant. C'est le cas de ...
    Lire la suite