Merde alors !
Pour la première fois de ma vie, et j’espère pour la dernière, j’ai acheté un livre d’un auteur aux idées d’extrême droite, comme ça bêtement, sans m’en apercevoir, comme on marche dans une merde de chien. Même effet, on se dit que ce n’est pas grave, qu’il n’y a pas mort d’homme, mais on est terriblement gêné. En plus, ça pue sous votre godasse. Et vous ramenez ça au bureau ou chez vous et les gens autour se demandent qu’est-ce qui pue comme ça. Et c’est vous dont il est question.
Je me suis fait avoir par la technique des têtes de gondoles, qui vous mettent un produit en plein milieu du nez, juste sous les yeux. En vérité, la tête de gondole, c’est moi ! A la faveur d’une quatrième de couverture un peu aguicheuse, je suis tombé dans le piège et j’ai marché dedans. Le pire dans cette histoire, c’est que je ne suis pas le seul, cet auteur est apparemment un auteur à succès, présent dans la liste des meilleures ventes à chaque ouvrage qu’il publie, c’est dire l’état du pays d’Hugo, Voltaire et Rousseau.
Voici quelques exemples des propositions de l’auteur en question, que je ne citerai pas pour ne pas lui faire de publicité, ni le nom de l’ouvrage cela va sans dire, mais si vous le reconnaissez, c’est que peut-être comme moi, vous vous êtes laissés avoir, ou que vous partagez ses idées, qui sait ?
Sans surprise, il propose de se débarrasser de tous ces immigrés qui mangent le pain des bons Français. « La France n’est pas une prostituée, écrit-il, elle doit se montrer sélective, rejeter ceux qui sont d’une autre époque et défendent un mode de vie incompatible avec nos libertés. Il veut aussi réouvrir le bagne de Cayenne pour y envoyer les migrants délinquants qui ne se souviennent plus de leur nationalité et qu’on ne peut donc renvoyer nulle part. Cool ! On va pouvoir faire un remake de Papillon (1), dont on confiera la réalisation à Spielberg – ah non pas lui, il est juif, pardon !
Plus d’excuse de la minorité pour les délinquants ! T’as dix ans et t’as commis un délit ou un crime, bim case prison, où tu serviras de sex toy à des Fourniret en devenir. Ah tu fais moins le malin maintenant, le jeune !
Polices privées partout où c’est nécessaire, c’est à dire partout, y compris à la campagne pour surveiller les vaches et les cochons. Ceci dit, blague à part, quand je pense à ce réseau de psychopathes qui massacrait les chevaux à travers toute la France, l’idée de polices privées de campagne ne m’aurait pas choqué. Je ne supporte pas les violences faites aux animaux. Non pas que je supporte celles faites aux hommes, ou le plus souvent aux femmes, disons-le clairement, mais les animaux sont souvent sans défense face à l’Homme, surtout quand il est armé d’une machette pour se défendre. Et on a rarement vu un cheval avec une machette. Bref, que ces salopards bons à enfermer se fassent ratatiner par des milices privées, pourquoi pas, avec plaisir même. Mais ce n’est pas ce genre de délinquants qui est visé dans le livre, plutôt ceux à la peau foncée.
Cela étant, les migrants et les délinquants noirs ou arabes ne sont pas la cible principale. L’ennemi absolu, selon lui, c’est l’Etat. On ne sait pas très bien au juste où commence et où s’arrête l’Etat, ce qu’on sait, c’est qu’avec lui comme dirigeant, lui ou quelqu’un ayant ses idées, on le sent d’ailleurs assez proche de Zemmour, eh bien terminées les aides sociales. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère : plus de sécu, plus d’alloc chômage, plus de retraite, plus d’aide au logement, plus aucune aide sociale quoi ! Il ne nous dit pas comment les retraités actuels vont faire pour vivre, ce qu’on sait c’est que les autres, les actifs, doivent financer eux-même leur retraite, il privatise tout, il veut du privé, du privé et encore du privé. Privatisation des hôpitaux, privatisation des écoles et de tous les services de l’Etat, ennemi public numéro 1, disais-je, à l’exception de l’Armée, de la Police et de la Justice. Il est certain que pour mettre en oeuvre pareil programme, mieux vaut garder quelques soldats, policiers et juges de son côté.
Je ne vais pas détailler ici l’ensemble de ses idées, ce serait vous faire perdre votre temps et le mien, et je pense que vous aurez compris à qui nous avons à faire. Encore que. A qui avons-nous à faire vraiment ? Je serais curieux de savoir ce qui peut avoir construit une telle manière de penser. Dans quel environnement a-t-il grandi ? Que faisaient ses parents ? Bourgeois ou prolo ? Le type est manifestement brillant, ses idées sont extrêmes, loufoques, inapplicables dans la vraie vie, mais d’une certaine manière cohérentes avec sa vision. la seule chose avec cette vision justement, c’est qu’on sent de la haine transpirer à chaque ligne. D’où vient cette haine, c’est ça qui est intéressant et que j’aimerais savoir. Ou pas d’ailleurs !
Le bouquin finit par une ode à la liberté individuelle face à l’Etat liberticide. Il faut selon lui « fonder un contre-pouvoir individuel, élitiste, une coalition hermétique au dressage, à la morale dominante et à l’Etat. La Constitution doit être individuelle avant d’être collective. Le fort doit convaincre par ce qu’il incarne. Ecraser le politiquement correct… » On voit bien le lexique utilisé : « le fort », « écraser », « élitisme », un discours qui a des relents de Troisième Reich, le fort écrase le faible et se débarrasse des « parasites ». Mais un écrivain comme lui, qui passe son temps à déverser son fiel à longueur de page, doit-il être considéré comme utile au système qu’il échafaude ou comme un improductif, une sorte de parasite justement, et donc bon à envoyer à Cayenne ?
Quant à la liberté individuelle, à quoi fait-il référence au juste ? La liberté individuelle est une vue de l’esprit, un simple sujet théorique pour animer des débats entre philosophes chevelus. Quand on est jeune, on dépend de ses parents, quand on est vieux on dépend de ses enfants et entre les deux on dépend de son entreprise, de son chef, de son banquier, de sa femme, de son mari, de ses amis pour emménager quand on se marie et à déménager quand on divorce, on dépend de son avocat, du juge, des chauffeurs de bus des pilotes d’avions, des serveurs au restaurant… à quel moment de l’histoire est-on véritablement libre ? Indépendant au sens strict du terme, c »est à dire dépendant de personne ? Totalement autonome ! Jamais ! Nous avons tous besoin les uns des autres pour aller d’un point A à un point B, pour se mouvoir dans l’espace comme dans la vie en général. Mieux vaut donc essayer de s’entendre avec eux.
Le problème des idées extrêmes, qu’elles soient de droite ou de gauche, c’est qu’elles n’ont qu’un objectif : l’affrontement. Et quand celles-ci deviennent majoritaire dans un pays, cela finit en massacre, l’Histoire nous en donne tant d’exemples, encore aujourd’hui en Ukraine, qu’il est inutile d’en citer.
Alors moi je sais ce que je vais faire, je vais nettoyer ma godasse et profiter du fait que la Fnac donne 15 jours pour rapporter ses achats pour me faire rembourser.
Vive la France et vive la Fnac !
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