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Aux armes retraités !

29 janvier 2023

Futurs retraités s’entend, encore qu’il y a étonnamment pas mal d’actuels retraités dans les cortèges . D’ailleurs, nous disons retraité, les Anglais eux disent « retired », façon de dire que l’on se retire du monde du travail, tandis que nous insistons davantage sur le repos, les mots en disent parfois long. Il est intéressant également, il me semble, de s’interroger sur ce que cette réforme et ce conflit social disent de nous, les Français. Est-ce que nous nous battons pour l’école ? Non ! Pour la santé, les hôpitaux ? Non ! Pour la justice, l’état de nos prisons ? Non ! Nous nous battons pour nos retraites. N’est-ce pas le signe d’un pays qui vieillit, le signe d’un pays en repli, qui se recroqueville, perd de son influence, notamment en Afrique, où les Chinois et les Russes occupent la place que nous avions dans un passé pas si lointain. Le signe d’un pays qui, regardons les choses en face, se fait bouffer la laine sur le dos et va finir par se faire ratatiner économiquement par ces mêmes Chinois, qui eux ne manifestent pas pour leur retraite et apprennent dans les écoles de commerce comment vaincre les occidentaux. C’est d’ailleurs le point commun avec les Russes, en dehors du drapeau et du socle politique, celui de vouloir mettre les occidentaux à genoux. C’est que le monde n’a rien à voir avec un village dans les nuages où des bisounours se font la bise à longueur de temps. Le monde est un champ de bataille où il faut en permanence attaquer ou se défendre, ou les deux, que ce soit économiquement, politiquement, idéologiquement et même, on le voit encore une fois avec la guerre en Ukraine, militairement. L’Homme est un loup pour l’Homme, un animal belliqueux par nature. Sauf que le loup français est vieux et aspire à se ranger des brebis.

Aussi les Français ont-ils rendez-vous une seconde fois mardi pour dire au gouvernement qu’ils ne veulent pas de sa réforme des retraite qui vise notamment à reporter l’âge de départ à 64 ans. Au delà de la seule question des retraites, il est vrai qu’il s’agit d’une question de justice sociale. Alors que le pays, à l’image de ce qui se passe dans le monde, se déchire entre des riches de plus en plus riches, surtout grâce aux revenus du capital (financier et immobilier principalement), le travail ne payant plus c’est bien connu, des pauvres de plus en plus pauvres et au milieu une classe moyenne qui se paupérise à la vitesse de l’inflation galopante, il est assez inique de dire que les travailleurs vont devoir travailler plus pour pérenniser un monde où la richesse est accaparée par un tout petit nombre. Et on veut nous faire croire que c’est comme ça, qu’il n’y a pas le choix, que le système de retraite est déficitaire et que sinon, nous allons devoir passer à un autre système, dit par capitalisation, ou chacun devra se faire sa retraite individuellement. Possible ! Mais ne peut-on pas aller chercher les ressources ailleurs, par exemple là où il y en a, c’est à dire en taxant un peu plus les revenus du capital et un peu moins ceux du travail, par exemple. On veut, nous dit-on, revaloriser la valeur « travail ». Très bien, commençons dans ce cas par faire en sorte qu’il soit plus rentable de travailler que d’investir dans l’immobilier ou sur les marchés financiers ! Taxons les super profits, taxons les flux financiers astronomiques et l’argent va couler à flot. Ceci étant, personnellement ce n’est pas dans les retraites que je l’investirais, cet argent tombé du ciel. Je l’investirais dans ce qui fait l’avenir d’un pays, sa jeunesse, ses écoles. Miser davantage sur les retraites que sur la jeunesse, c’est signer son arrêt de mort à plus ou moins court terme.

Au fond, je ne pense pas que la majorité des Français soient contre le fait de repousser l’âge de départ à la retraite, tout dépend du métier et de la situation de chacun en fait, c’est ça le coeur du problème. Considérer que tous les métiers et toutes les situations se valent n’a aucun sens, entre un avocat ou un journaliste et un ouvrier du bâtiment ou un agriculteur, inutile d’avoir fait l’ENA, ou ce qu’il en reste, pour savoir qu’ils ne sont pas dans le même état à 62 ans. Idem pour les femmes, qui seront les grandes perdantes de cette réforme puisque leur taux d’emploi est plus faible (76% contre 88% pour les hommes), le fait de s’occuper des enfants qui reste l’apanage des femmes n’étant pas considéré comme un travail, c’est dire si les lois sont faites par des hommes ! Les femmes sont aussi beaucoup plus concernées par le travail à temps partiel (28% contre 8%) et touchent un salaire 20% inférieur en moyenne. Bref, les femmes vont faire les frais de cette réforme des retraites, comme d’habitude.

Ce que veulent les gens en fait, c’est une réforme juste, une réforme qui mettent à contribution les plus riches et prennent en compte la pénibilité, les inégalités de situations, une réforme juste donc et pour le moment, elle est très loin de l’être.

Elisabeth, va falloir revoir ta copie, toi qui arrive justement à 62 ans cette année.

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