# PandémiX

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26 avril 2021

Nous avons passé la barre des cent mille morts du Covid. Ma grand-mère de bientôt 90 ans a eu le covid et rien. Une maladie étonnante ce Covid, des millions de gens l’ont attrapé et n’en sont pas morts. Certains sont passés en réanimation et gardent des séquelles respiratoires, d’autres n’ont eu que de la fièvre, d’autres encore l’ont eu sans le savoir puisqu’ils n’ont pas fait le test, mais cent mille personnes en sont mortes. Cent mille morts, ce n’est pourtant pas rien, mais de loin comme ça, ce n’est pas concret. Un seul mort dans votre famille proche et le monde s’écroule. Cent mille morts ailleurs et vous continuez votre journée comme si de rien était en râlant contre Castex, Macron et leur maudit confinement. C’est la loi de la relativité. Un mort n’est pas égal à un autre mort.

Et comme se le demande le philosophe André Comte-Sponville (1), un mort du Covid, est-ce plus grave qu’un mort du cancer, d’un AVC, d’un arrêt cardiaque ou de mort dite naturelle ? Car dans les douze mois qui viennent de s’écouler depuis le premier confinement, il y a certes eu 100 000 morts du Covid, mais il y a aussi eu 150 000 morts du cancer et 140 000 morts de maladies cardiovasculaires, pour un total d’environ 800 000 morts par an, toutes causes confondues. La différence tient à l’émotionnel et à la médiatisation. Une fonctionnaire de police s’est fait poignardée, un prof s’est fait décapiter, c’est dramatique ! Horrible ! Mais le même jour, plus de deux mille personnes mourraient également de causes diverses, dans le plus complet anonymat.

Et que dire de l’âge quand 95% des morts du Covid avaient plus de 60 ans et 85% plus de 70 ans, avec une moyenne d’âge de 81 ans au moment du décès. Est-ce qu’un mort vieux a la même valeur qu’un mort jeune. Pour un vieux, on se fait une raison, on se dit que c’était dans la nature des choses qu’il s’en aille un jour, un jour relativement proche en fait. Pour un jeune, on parle d’accident de la vie, on dira qu’il a été fauché dans la force de l’âge. Et que dire d’un enfant, je m’abstiens !

Alors je termine là ce petit post, j’ai une pensée pour chacun de ces 100 000 morts du Covid, pour les morts d’autre chose aussi, il n’y a pas de raison, quel que soit leur âge, une pensée pour leurs familles également, je mesure comme Roberto Benigni à quel point la vie est belle (2) et j’essaie d’en profiter au jour le jour.


Lire Balance ton Covid !


(1) Edito d’André Comte-Sponville, Challenges du 22 avril 2021, p.21

(2) La Vie est Belle, film de et avec l’infatigable Roberto Benigni, 1997. A voir et à revoir les jours de blues.

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