# CitizenX

Royaliste

12 novembre 2020

Mais le fils de postière que j’étais, était resté plutôt de gauche. Et lorsque j’ai eu l’âge de voter pour la première fois à une élection présidentielle, c’était en 1995, je m’apprêtais à voter pour Delors.

Jusqu’à ce dimanche de décembre, nous regardions 7 sur 7 avec mes parents, cette émission politique incontournable des années 1980-1990, présentée par Anne Sinclair. Et là, patatras, stupéfaction ! Delors annonce qu’il se retire. Non mais je rêve, il est sérieux celui-là ? Tout le monde veut voter pour lui, au moins une bonne majorité des Français, et lui, il se retire, comme ça, ni vu ni connu ! Hors de question mec, tu vas te ramener fissa, tu vas me faire le tour des patelins de France et tu vas me gagner cette élection, bordel de merde !!! Il ne m’a pas écouté et j’ai dû me résoudre à voter pour le grand frisé tout gris, un ancien strotskiste comme disait ma grand-mère, à la place de trotskiste (faut dire que c’est pas facile à dire), elle disait aussi les poêles Stéfal ma grand-mère – bisous mémé 😉 Bref, j’ai dû voter pour Jospin. Putain, J’ai voté Jospin mec ! Delors m’a tuer.

Jospin a perdu et on en a pris pour 12 ans de Chirac. 12 ans !!! Ce fut ma première expérience de trahison du peuple en politique. J’imagine qu’il avait ses raisons, Delors, mais tout de même, 12 ans de Chirac. Une éternité.

J’ai alors passé mon bac et fait une école de commerce sur les conseils de Jacques, mon copain d’enfance. Issu d’un quartier populaire et métissé, je n’ai jamais vraiment été à l’aise dans l’univers des « business school ». J’ai dénoncé le côté enfant gâté et prétentieux du moule dans lequel on voulait nous mettre tout en reconnaissant volontiers que ces écoles sont un lieu d’expériences hors du commun*. Mais elles sont difficiles d’accès et très chères, et donc réservées à un tout petit nombre. J’y ai découvert le monde de l’entreprise et plus tard la folie des start-up. Alors après une première expérience dans une grande multinationale qui vend des barres chocolatées et des cacahuètes enrobées, j’ai sauté le pas et créé avec quelques copains une « start eup », c’est à dire une petite boîte qui va tout déchirer sa mère ! Nous étions jeunes, nous étions beaux, nous étions… naïfs !

Toujours est-il que nous y sommes allés, la fleur au fusil. Nous étions au tout début des réseaux sociaux, Facebook venait juste d’être lancé sur le campus d’Harvard, et notre idée était de vendre des applications virales aux marques de sport. C’est comme ça que je me suis intéressé aux idées de Terra Nova, du Laboratoire des idées et au développement de la Coopol, la première Coopérative Politique, crée par quelques jeunes socialistes. C’était un réseau social , une sorte de Facebook, dédié à la politique et surtout sensé porté le futur candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2007.

A cette époque, le PS était avant-gardiste sur le web, en particulier grâce à l’investissement personnel de Thomas Hollande, le fils du premier secrétaire et de la future candidate. Un sacré pédigrée ! Au même moment, à droite, ils en étaient encore aux tracts et au boîtage. Mais ils avaient le champion du monde des poids légers et semelles compensées en politique, petit mais costaud, j’ai nommé dans le coin droit, short et marcel bleu, Nicolaaaaaaaaaaa Sarkozyyyyyyyyyyy !!!!!!!!! Et dans le coin gauche, après des primaires rocambolesques et des trahisons dignes d’un peplum, j’ai nommé, toute de rouge vêtue, Ségolène wonder Royaaaaaaaal. Je la revois encore au soir du premier tour lors de son discours aux militants après sa qualification, fébrile, j’ai cru qu’elle allait tomber dans les pommes. Je vous ai entenduuuueuhhhuuuus. Nous allons gagner, euh t’as pas l’air très sûre de toi Ségo ???

On apprendra plus tard, qu’au même moment, sa vie personnelle était en train de basculer dans le vide que cela l’avait considérablement fragilisée, au point d’en perdre une élection qu’on pensait imperdable et qui aurait dû être historique : la première femme Présidente de la République française, cela aurait eu de la gueule non ?

Et bizarrement, au soir du second tour, après sa défaite, elle était détendue, rayonnante.

Etonnante Ségolène !


*Pour ceux que les écoles de commerce intéressent, il y en a, si si, je vous recommande la lecture de Sexe, Fric, Glande et diplôme. Très drôle !


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