# PolitiX

Il est où le bonheur ?

12 février 2021

François Ruffin nous a proposé en fin d’année 2020 une réflexion sur le bonheur. Je l’ai lu et j’ai voulu lui écrire. Alors je l’ai fait.

« Bonjour M. Ruffin,

J’anime un site citoyen qui a pour but de recueillir et promouvoir les idées citoyennes (citizn.org).

Je suis avec attention votre travail et vos actions et pendant que vous écriviez entre les fêtes, moi je vous lisais dans Il est où, le bonheur

Vaste question !

Au fil des pages, quelque chose m’a interpellé. Vous êtes, à travers votre histoire personnelle que vous nous racontez avec pudeur, le symbole du paradoxe de l’écologiste. Vous dites emmener vos enfants sur les plages du Nord ou dans les Cévennes pour réduire vos émissions carbone tandis qu’ils font le tour du monde avec votre ex-femme et votre soeur – si toutefois je ne fais pas erreur car je n’ai pas les pages devant les yeux. Et vos enfants en sont certainement heureux, donc pour eux il est aussi là le bonheur.

J’ai un autre exemple à vous donner. Le prof de maths de mon fils, qui est en 6ème, a une fille atteinte d’une maladie neurologique grave. Chaque année, il organise une vente de chocolats pour les soutenir dans les efforts qu’ils font pour qu’elle soit encadrée, soutenue, soignée, puisqu’ils ne reçoivent presque rien de l’Etat. Voici le mail qu’il nous envoie pour nous remercier : 

« Chers tous, Nous quittons cette année 2020 inédite en nous tournant vers 2021, plein d’Espérance pour tous. Pour Sarah, bizarrement, 2020 fut une bonne année : son petit corps se calme et les nuits sont bien meilleures. La verticalité et l’équilibre sont en progrès constants. Elle se concentre de mieux en mieux et nous prouve à quel point sa compréhension est intacte. Ses plus grands plaisirs restent la musique, se balader et découvrir le Monde ! « 

Découvrir le Monde ! Découvrir le Monde, M. Ruffin !! Voilà où il est le bonheur pour Sarah. Alors il est probable que son « monde » n’aille pas jusqu’aux confins de l’Amazonie ou au Japon, mais pour une bonne part de cette jeunesse qui vous émeut dans votre discours à l’Assemblée, il est probable qu’il se situe en partie là le bonheur, découvrir le monde, aller à la rencontre des autres, échanger, partir à l’aventure – Erasme sors de ce corps !!!

Il est vrai qu’aujourd’hui, on a le sentiment que des murs se sont élevés entre les pays, les continents – Trump en rêvait de son mur, le covid l’a fait – mais le besoin de voyage, aller à l’aventure, reviendra car pour beaucoup, dont je fais partie, c’est notre façon de rêver, de nous projeter, et se projeter, c’est vital.

Ce paradoxe, on est beaucoup à le porter en nous, et depuis longtemps. Quand j’étais môme, je voulais être Nicolas Hulot. Pas pour être écolo, mais pour aller partout dans le monde, sur terre, sous l’eau, dans les airs, dans les cavernes, sur les montagnes… et conduire tout un tas d’engins plus dingues les uns que les autres. Ce même Nicolas Hulot qui nous dit aujourd’hui que la fête est finie, qu’il faut revoir complètement la façon dont on vit et les rêves qu’on peut avoir.

Vous comprendrez que cela ne va pas de soi, d’entendre un gars qui a symbolisé à vos yeux l’aventure et le voyage et qui une fois rangé des bagnoles, vous dit rentrez chez vous les gars, y a plus rien à voir.
Ecologie punitive, évologie incitative ou positive, je n’ai pas de réponse, pas d’idéologie, pas de certitude à ce niveau. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai besoin de continuer de rêver, et mes enfants, les vôtres et Sarah aussi.

Bon dimanche à vous M. Ruffin »

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