# PolitiX

Célébrons la Commune

25 juillet 2021

L’autre jour, je vois passer un cortège, précédé d’une chorale de gens habillés comme des sans-culottes. J’observe, intrigué. S’agit-il d’une manifestation ou d’une troupe de théâtre ? Les deux, semble-t-il. Quel est l’objectif de ce défilé ? C’est alors qu’une jeune femme, dont les deux seins étaient parfaitement couverts, évidemment me direz-vous, s’il s’était agi d’une manif de Femen, je l’aurais vu rapidement. Elle m’interpelle et me remet un prospectus.

Je vous livre le contenu de ce tract in extenso car celui-ci est plutôt explicit.

 » Révolution trop méconnue, il y a 150 ans la Commune de Paris rend le pouvoir au peuple !

Le 18 mars 1871, Paris se soulève face à un gouvernement qui l’a trahi. Rejoint par la Garde Nationale, citoyens en armes, le peuple décide de s’auto-organiser et de se défendre. Dans chaque arrondissement, des représentants sont élus mais sont révocables à tout moment : c’est la Commune de Paris. Une nouvelle forme de démocratie est expérimentée.

En 72 jours, les avancées sont énormes pour mettre fin à la misère et à l’exploitation : éducation, conditions de travail, égalité femmes-hommes, place de l’église… La Commune réquisitionne les logements et les ateliers abandonnés par les propriétaires qui ont fui pour rejoindre le gouvernement à Versailles.

Parce que pour lui, un peuple qui a l’audace de décider pour lui-même n’est pas supportable, le gouvernement écrase alors la Commune de Paris lors de la Semaine Sanglante (21-28 mai) : plus de 20 000 communard.es sont assassinés, 40 000 déporté.es. Un massacre, une répression à la hauteur de la peur que la Commune a suscité chez les bourgeois.

Aujourd’hui encore, le pouvoir en place préfère commémorer Napoléon plutôt que la Commune de Paris. Pourtant, ses acquis et les espoirs qu’elle portait sont intacts dans nos mémoires et nourrissent nos luttes… »

Et c’est vrai, en y réfléchissant, que je n’ai jamais entendu parler de la Commune de Paris à l’école. Après, j’ai peut-être séché ce jour-là. Est-elle enseignée ? Je l’ignore. Mais j’avoue que je ne serais pas surpris si elle n’était pas au programme. Sans doute la considère-t-on comme un évènement mineur de l’Histoire de France, une histoire écrite par les vainqueurs le plus souvent.

Mais enfin tout de même, 20 000 morts civils dans une confrontation avec les forces de l’ordre, à l’époque c’était surtout l’armée, ce n’est pas rien. C’est même énorme, un véritable carnage. Un seul mort dans une manifestation aujourd’hui et cela prend une tournure de drame national, la jurisprudence Rémi Fraisse. A côté des communards, les gilets jaunes passeraient pour des bisounours. En 150 ans, force est de constater que la société s’est drôlement assagie, certains diront, résignée. Côté peuple, on casse des vitrines, des voitures, du CSRS mais on ne serait plus capable de mettre la tête d’un bouc émissaire, quel qu’il soit, banquier, politique, grand patron, au bout d’une pique et de la brandir en tête de manifestation. Côté pouvoir, on gaze, on flashball, on matraque mais on n’ose plus tirer dans le tas à balles réelles. Y a pas à dire, les guerres civiles, c’était mieux avant. De deux choses l’une, soit nous nous sommes embourgeoisés, soit nous avons vieilli.

Une chose est certaine, dans ce contexte de ramollos, ce n’est pas demain matin qu’on connaîtra le grand soir. A moins que le Corona et l’impasse sanitaire vers laquelle celui-ci nous conduit, organisée par des Etats redevenus autoritaires, ne poussent les gens à se révolter de nouveau. Nous le saurons bien assez vite.

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