# EconomiX

Economist(e)

23 janvier 2021

Adam, Thomas, Friedrich, Karl, John K., John M., Joseph, Thomas… rien ne vous choque ? Que des mecs ! C’est que l’économie est historiquement une affaire de mecs. Je dis historiquement car le monde change, lentement mais sûrement, et de plus en plus de femmes arrivent à des postes importants au sein des grandes institutions économiques mondiales. Du côté des entreprises, il y a encore beaucoup de retard en ce domaine, plus aucune femme DG au sein du CAC 40 depuis l’éviction d’Isabelle Kocher à la direction d’Engie par exemple, mais la relève arrive, assure-t-on au sein des grands cabinets de chasseurs de têtes.

Voici en tout cas, 6 super économist(e)s à suivre (source : article de Florence Bauchard dans Les échos => https://www.lesechos.fr/2018/10/6-super-economistes-femmes-1020985).

Gita Gopinath : La crack des taux de change

Âge: 46 ans

Nationalité: américaine

Poste: cheffe économiste du Fonds monétaire international à partir de 2019


Christine Lagarde va désormais partager le feu des projecteurs avec cette brillante universitaire néolibérale d’origine indienne. Bardée d’honneurs (Médaille d’or du gouvernement de Delhi, sur la liste des Young Global Leaders du World Economic Forum en 2011 et dans le Top 25 des économistes les plus influents de moins de 45 ans du FMI en 2014…), la coéditrice de la revue American Economic Review, membre du National Bureau of Economic Research, s’est notamment fait connaître par sa vision hétérodoxe de l’impact inflationniste de la flexibilité des taux de change dans les pays émergents. Son père l’avait envoyée étudier à Delhi en vue de rejoindre l’administration. Mais après son PhD à Princeton auprès de Kenneth Rogoff et Ben Bernanke – excusez du peu -, cette gastronome, fan de Bollywood, entame une carrière universitaire aux États-Unis, qui l’a menée à Harvard. Mais elle reste proche de l’Inde, où vit sa famille.

Natacha Valla : L’europhile

Âge: 42 ans

Nationalité: française

Poste: DG adjointe de la politique monétaire de la BCE depuis mai 2018

Comme Laurence Boone à l’OCDE, cette jeune quadra, passionnée par les mécanismes monétaires et leur impact sur l’investissement, a navigué entre privé et public tout au long d’une carrière très européenne. Détachée pendant trois ans par la Banque de France à la BCE, elle connaît bien son président, Mario Draghi. Comme lui, cette polyglotte formée à Georgetown et à l’Institut universitaire européen de Florence est passée chez Goldman Sachs. Pendant ses années à la BEI, elle siégeait également au conseil d’administration de plusieurs sociétés du CAC 40, dont LVMH et Accor. Avec le soutien de sa mère, cette hyperactive a su concilier sa vie de famille et un agenda plutôt chargé. À Francfort, cette violoniste amoureuse de Bach s’efforce à son tour de faciliter la vie personnelle de ses collaborateurs en évitant les réunions au-delà de 17 heures et en favorisant les téléconférences.

Pinelopi Koujianou Goldberg : Experte des pays émergents

Âge: 55 ans

Nationalité: greco-américaine

Poste: cheffe économiste de la Banque mondiale à partir de novembre 2018

Étudiante, la jeune Grecque rêvait de la Banque mondiale. Faute d’un doctorat américain, sa demande de stage avait été rejetée. Aujourd’hui, bardée de diplômes (Stanford) et d’honneurs, cette spécialiste de microéconomie appliquée y entre par la grande porte avec une feuille de route ambitieuse: renforcer les liens avec la recherche académique et contribuer à définir les modalités d’une croissance durable et d’une prospérité partagée. La professeure de Yale connaît son sujet: «Elle a consacré sa carrière à l’étude des problèmes les plus complexes des économies en développement», a rappelé le président de la BM, Jim Yong Kim. Et ce depuis la dérégulation des échanges en Amérique latine dans les années 1990. Pour «Penny», qui a étudié notamment la Colombie et l’Inde, «il n’y a pas une solution unique permettant de résoudre tous les problèmes d’un coup».

Clare Lombardelli : L’outsider

Âge: 39 ans

Nationalité: britannique

Poste: cheffe économiste du Trésor britannique depuis avril 2018

Diplômée d’Oxford et de la London School of Economics, la première femme à occuper ce poste prestigieux au Trésor britannique n’est pas une héritière, contrairement à beaucoup de ceux qu’elle côtoie dans les allées du pouvoir depuis plus de dix ans. Incarnant la première génération de sa famille à entrer à l’université, Clare Lombardelli a grandi dans un milieu modeste, dans une ville ouvrière des environs de Manchester. Cette personnalité «rigoureuse» et «courageuse», selon l’un de ses anciens collègues au Trésor, où elle est entrée en 2005, en a gardé un esprit très ouvert et un certain franc-parler, quitte à déplaire, par exemple en critiquant la réforme des avantages sociaux suggérée par le secrétaire d’État Iain Duncan Smith en 2010. Nul doute que ce profil atypique est apprécié pour seconder le chancelier de l’Échiquier, Philip Hammond, dans les négociations sur le volet économique du Brexit.

Laurence Boone : Pour la croissance inclusive

Âge: 49 ans

Nationalité: française

Poste: cheffe économiste de l’OCDE depuis juillet 2018

L’acclimatation au château de la Muette ne devrait pas être compliquée pour cette enfant d’Erasmus (université de Reading, Paris X- Nanterre, London Business School), habituée à publier en français et en anglais, d’autant qu’elle y a déjà effectué un premier passage de 1998 à 2004 au début d’une carrière très internationale, marquée par des allers-retours entre le public et le privé (Barclays Capital, Bank of America Merrill Lynch, Axa). Aujourd’hui, c’est moins sur les questions de chômage structurel que sur la croissance inclusive que la première Française à occuper ce fauteuil devra apporter ses lumières. Représentante de l’OCDE pour les questions économiques, cette hyperactive participera aux réunions du G7 et du G20 qui lui rappelleront ses deux années à l’Élysée comme conseillère spéciale pour les Affaires économiques et financières multilatérales et européennes, succédant à un certain Emmanuel Macron auprès du président François Hollande.

Kristalina Georgieva : La féministe à poigne

Âge: 65 ans

Nationalité: bulgare

Poste: directrice générale de la Banque mondiale depuis 2016

Vingt-deux mois après son arrivée à la direction générale de la Banque mondiale, la Bulgare peut être fière de son bilan: jamais les finances de l’institution ne se sont aussi bien portées. En avril, à la surprise générale, elle a obtenu l’aval de ses actionnaires, y compris les États-Unis, pour la plus forte augmentation de capital de son histoire. Manager expérimentée, cette candidate malheureuse au secrétariat général de l’ONU, en 2016, n’exige jamais de ses troupes quelque chose qu’elle ne serait pas prête à faire elle-même. Avant une mission délicate, Kristalina Georgieva écoute volontiers, dans sa Tesla, le tube de Queen We Will Rock You. À la Commission européenne (à la coopération internationale puis aux ressources humaines), cette féministe convaincue a dopé de 10 points, à 40%, la part des femmes aux postes clé. À la Banque mondiale, elle veut aller plus loin: 50% d’ici à 2020, en espérant bien atteindre l’objectif plus tôt.


Avant elles, on aurait pu citer Rosa Luxembourg, bien que ce soit plus une femme politique et une activiste qu’une économiste pure, elle a d’ailleurs finie liquidée par le pouvoir allemand, liquidée au sens stricte du terme, c’est à dire exécutée et jetée dans le Landwehrkanal, on ne plaisantait pas avec l’opposition à cette époque. Mais elle aura participé à son niveau à la révolution prolétarienne du début du XXème siècle.

Plus proche de nous, très proche même puisqu’elle est toujours en poste, je ne peux pas écrire un post sur les femmes économistes sans parler de la Queen Christine, au FMI ou à la BCE (Banque Centrale Européenne), on l’appelle aussi Christine Lagarde. Prends garde camarade, si tu ne viens pas à Lagarde, Lagarde viendra à toi ! Big boss du plus gros cabinet d’avocats d’affaires au monde (Baker McKenzie) à 40 et quelques années, Ministre de l’Economie et des Finances, patronne du FMI et à présent Présidente de la BCE. Waouh !

Interrogée par Léa Salamé dans le cadre de son émission sur les femmes puissantes* sur sa velléité de se présenter à la prochaine élection présidentielle, celle-ci a répondu : jamais ! C’est notre drame, à nous les Français, dès qu’on tient un candidat idéal, il ne veut pas du poste. Ce fut le cas de Delors en 1995 et maintenant c’est Lagarde qui nous laisse tomber, au moment où on aurait bien besoin de quelqu’un qui soit au dessus de la mêlée. Après, il y a vingt ans, un journaliste lui avait demandé, alors qu’elle venait de prendre la tête de Baker McKenzie, si elle envisageait rejoindre le gouvernement, elle avait alors répondu : jamais !

L’espoir fait vivre…

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l’avenir de l’homme


*Elle doit avoir quelque chose de l’ordre du complexe d’infériorité Léa Salamé avec son émission Les femmes puissantes. Pourquoi veut-elle à tout prix positionner les femmes sur le même registre que les hommes : la puissance, le pouvoir, la force… Ne projette-t-elle pas sur les autres une envie qu’on l’appelle elle-même ainsi, une femme puissante, elle qui co-anime sur France Inter l’émission de radio du matin la plus écoutée de France. Sauf que, chère Léa, les femmes n’exercent pas nécessairement le pouvoir de la même manière que les hommes. A la question : « Etes-vous une femme puissante ? », Christine Lagarde lui a répondu : « Oui quand je suis en maîtrise, j’ai le sentiment d’être une femme puissante. Par exemple, quand je traverse le bassin de 50 mètres sous l’eau – eh oui elle traverse le grand bassin sous l’eau les gars – j’ai l’impression d’être puissante. » Waouh, ça c’est vraiment une réponse façon Queen Christine. Inattendue, intelligente, maline. Salamé aurait certainement souhaité un truc du genre : « Oui je suis puissante, j’ai des centaines de collaborateurs sous mes ordres, franchement ça me fait bander ! » Mais non, parce que pour elle, ce n’est pas nécessairement ça la puissance. Ce qui ne l’empêche pas de savoir ce qu’elle veut, ne veut pas, et de décider, trancher, avancer. A peine arrivée au sommet chez Baker McKenzie, une de ces premières décisions a été de virer un trio d’avocats qui se croyaient intouchables et représentaient une menace professionnelle pour elle. Dehors les cocos. Alors je vais répondre à sa place, oui elle est puissante, elle déchire même, Christine Lagarde.

Christine présidente !


Lire la suite : Le Triomphe de l’Injustice

Revenir au début

Lire la série : Citizen X

Vous souhaitez intéragir ? Écrivez un commentaire !

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • A corps perdus
    # SportiX

    A corps perdus

    21 août 2024
    A propos de personnes handicapées, j'ai regardé hier un documentaire sur France 2 concernant six athlètes qui disputeront les JO paralympiques de Paris qui se tiendront d'ici une petite semaine. Je disais que la ...
    Lire la suite
  • L’espoir fait-il vivre ?
    # PhilosophiX

    L’espoir fait-il vivre ?

    6 mai 2021
    Alors que les lycéens se préparent pour la fameuse épreuve de philo, le Covid et son lot de confinements à répétition, est propice à la réflexion, à l'introspection et aux questions existentielles et ...
    Lire la suite