# CinémiX

Eiffel

21 octobre 2021

Rrrr lalala, rrr lalalalala, rrr lalalalalalalalalala, ça c’est du grand cinéma ! Du cinéma avec un grand C. Klapishien de la première heure, et donc Durissien, que j’ai découvert il y a bientôt 30 ans déjà dans Le Péril Jeune, incarnant le personnage de Thomasi, Thomasi le rêveur, Thomasi le baba cool, Thomasi avec sa petite gueule de travers et sa voix un peu nasillarde, il dégageait déjà de ce jeune freluquet une aura, quelque chose qui vous faisait dire qu’on le reverrait certainement celui-ci. Et je l’ai revu en effet, et pas qu’une fois car, en fait, je crois que j’ai vu tous ces films ou presque, quelque soit le réal ou le genre, les comédies populaires (L’Arnacoeur, l’Age d’homme, Pas si grave, Arsène Lupin avant Omar Sy,…), les polars et les films plus sombres (De battre mon coeur s’est arrêté, L’Homme qui voulait vivre sa vie, La Confession…) et bien sûr tous les Klapish depuis Le péril jeune donc jusqu’à Paris en passant par l’Auberge espagnole, évidemment. J’ai même retrouvé un peu de Thomasi dans la série Vernon Subutex, adapté du roman de Despentes.

Mais là, il monte d’un cran le coco. Il porte une fresque historique, sur un personnage historique, Gustave Eiffel, sur ses seules épaules ou presque. Il est donc loin le temps du jeune Thomasi. Je dis presque car il ne faudrait pas oublier celle qui lui donne la réplique, la franco-britannique Emma MacKey, que les fans de la série Sex Education connaissent sans doute mais j’avoue que moi je ne la connaissais pas, et je pense que le grand public ayant passé les quarante balais non plus. Maintenant je la connais un peu mieux et je suis conquis. Après, la carrière d’actrice n’est pas une sinécure, toujours pendue au bout du fil à espérer qu’un ou une directrice de casting pense à elle pour le prochain grand rôle forcément, un jour belle et en haut de l’affiche, le lendemain moche et ignorée. La carrière d’une actrice est courte et pleine d’aléas, celle d’un acteur est tout aussi aléatoire mais elle dure apparemment plus longtemps car avec l’âge d’autres rôles se présentent pour les hommes alors qu’il n’y a pas tant de scénarios avec des femmes ayant passé les quarante ou cinquante ans au cinéma. La révolution de la série mania, va-t-elle changer la donne de ce point de vue, je l’ignore. Je l’espère. En tout cas, cette Emma Mackey est magnifique et pleine d’une énergie qu’on a envie de revoir. Vivement demain !

Mais Eiffel n’est ni à propos de Duris ou de Mackey, il est simplement porté par eux. Et il est porté haut, aussi haut que la tour du même nom. Généralement, je ne suis pas fan des effets spéciaux à tout va, malgré les prouesses technologiques que l’on fait aujourd’hui. Ici, Martin Bourboulon réussit à fondre les effets spéciaux dans l’histoire au point de ne rien remarquer de particulier, si ce n’est le fait d’être transporté dans l’espace et dans le temps pour gravir un à un les trois cents mètres de cette tour de fer. Le film est rythmé, tout comme l’est la vie de ce personnage hors du commun qu’est Gustave Eiffel. Fils d’Alexandre Eiffel, officier chargé de l’intendance militaire de la ville de Dijon et de Catherine Mélanie Moneuse, elle-même fille d’un négociant de bois et qui deviendra à son tour négociante, mais de houille, une femme négociante au XIXème siècle, le petit Gustave est issu d’une famille baignée dans la révolution industrielle où on n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Il deviendra ingénieur et se fit rapidement une réputation en supervisant la construction de ponts métalliques. Mais sa pièce maîtresse sera évidemment cette tour commandée pour l’exposition universelle de 1889 de Paris, la plus haute du monde à cette époque et construite en plein centre de la capitale, au grand dam des riverains et de certains artistes réfractaires à la modernité et l’innovation. Un homme au mille projets qui vécut jusqu’à 91 ans.

C’est ce qui manque à notre époque je trouve, des grands personnages, des grands projets, ambitieux et déroutants à la fois. On a jamais autant construit, des immeubles, des routes, des autoroutes, des tramways, des auditoriums ou que sais-je encore, mais rien de dingue. Cette époque manque de folie, la folie des grandeurs, comme celle d’Eiffel.


Référence :

Eiffel, de Martin Bourboulon avec entre autres Emma Mackey et Romain Duris, oct 2021.

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