Hue Cannabis !

Tout comme l’âne de Jamel Debbouze dans Astérix et Cléopâtre (1), le sujet de la légalisation du cannabis « récréatif » n’avance pas beaucoup en France alors que des pays comme les Etats-Unis, le Canada ou le Portugal ont clairement décidé de changer de politique à ce niveau. Mais nous les Français préférons rester du côté des conservateurs tels que la Chine ou la Russie.

Au moment où des députés de la majorité publient un troisième rapport sur le sujet (un travail considérable avec des centaines d’heures d’audition et une vaste consultation citoyenne de plus de 250 000 contributions) qui conclut que la politique de répression est un échec, coûte cher (1 milliard d’euros par an) et mobilise bon nombre de forces de l’ordre : police, douanes, gendarmes, magistrats… la partie est loin d’être gagnée car Emmanuel Macron s’est ouvertement déclaré contre la légalisation et a même annoncé que la lutte contre les trafics de « drogue » était la « mère de toutes les batailles ». Tout de suite les grands mots ! Pourtant, les Français sont près de 20 millions à avoir déjà expérimenté le cannabis au cours de leur vie et un million en fument tous les jours. Surtout, encore une fois, la politique répressive, que ce soit côté consommateurs ou côté trafiquants, ne fonctionne pas. Le cannabis représente la moitié du chiffres d’affaires du marché des drogues illicites, estimé à 2,7 milliards d’euros, un marché en constante augmentation et ce n’est pas la crise du Covid, avec son lot d’angoisses et de déprimes en tout genre, qui va freiner son développement.

Cette histoire de cannabis est une vraie tartufferie. Il suffit de traverser le détroit de Gibraltar pour trouver, au Maroc, pour ne pas le citer, des milliers de petits paysans qui vivent de cette production. Tout le monde le sait, comment pourrait-on ne pas le savoir alors qu’on repère une fourmi depuis l’espace grâce à la puissance des satellites de surveillance, et tout le monde ferme les yeux car de quoi vivraient ces gens ? On a rien à leur proposer à la place. Côté distributeurs, c’est un peu la même chose. Partout sur le territoire national, on sait qui sont et où sont les trafiquants. Les services de renseignements savent parfaitement qui fait quoi, dans quel quartier, quel immeuble, qui est le leader, qui sont les lieutenants. Mais on tolère, on laisse faire, un peu pour les mêmes raisons qu’au Maroc, parce qu’on a rien d’autre à leur proposer. Il n’y a pas de boulot dans les banlieues et de toute façon avec leurs têtes de « reubeu » et de « reunoi », va t’en passer un entretien pour Louis Vuitton sur les Champs. Et puis, comme ils disent, je peux gagner un smic en une journée, alors pourquoi j’irais bosser chez Mc Do ?

Alors voilà Jamel, Cannabis n’avance pas bien vite et il n’est pas près de galoper car chacun est bien à sa place ainsi. Un président dans le rôle du père la morale, la police dans celui des cow-boys, les trafiquants en bad guys qui roulent vite, on dit « go fast ». La banlieue reste ainsi relativement sous contrôle, sous leur contrôle, en tout cas tant qu’on ne tue pas lors de banales interventions de police. Si jamais on leur enlève leur business, pas certain que la situation resterait ainsi longtemps. Mieux vaut le trafic que le chaos, pense-t-on dans les palais dorés du centre de Paris, voilà la réalité et voilà ce qu’on ne nous dira jamais.

Je vous laisse méditer ce sujet très clivant comme on dit, prendre position ou pas, du côté des réac ou des progressistes. Quant à moi petit pays, en attendant de voir les mentalités évoluer, je n’ai rien contre un ptit tarpé, un verre de rhum arrangé et un air de reggae.

Allons enfants de la patrie
Le jour de gloire est arrivé
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé

Aux armes et caetera
Aux armes et caetera
Aux armes et caetera
Aux armes et caetera… (2)

Références

(1) Astérix et Cléopâtre, 2002, film d’Alain Chabbat avec entre autres Jamel Debbouze, Christian Clavier et Gérard Depardieu.

(2) Aux armes et cætera, Serge Gainsbourg, 1979.