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Inclusif

30 août 2024

Après une cérémonie d’ouverture certes esthétique mais sans l’effet WAOUH de la première, Amélie Oudea Castera nous avait prévénu que ce serait choquant dans le bon sens du terme, ce qui est choquant c’est qu’on a failli l’avoir comme ministre de l’éducation nationale, dans le mauvais sens du terme. Il faudrait apprendre aux responsables politiques qu’il vaut parfois mieux se taire que de dire des conneries, mais bon bref, ça y est, c’est parti pour les Jeux Paralympiques de Paris, ou JPP, comme Jean-Pierre Papin, le deuxième volet de cet été olympique incroyable. Tony Estanguet a répété plusieurs fois vouloir faire de ces jeux, des jeux dits « inclusifs » c’est à dire intégrant les personnes handicapées et leur donnant toute l’exposition médiatique qu’ils méritent. Seulement, par définition qui dit inclusif dit inclure, dit rassembler, dit mettre ensemble. Quand on fait deux évènements à part comme c’est le cas actuellement et depuis toujours, que ce soit avant ou après peu importe, ce n’est pas de l’inclusion, mais de l’exclusion. Déso Nyto !

Les arguments avancés par le Président du Cojo, payé 270 000 € par an depuis 2017 pour préparer ce grand évènement, soit dix fois ce qu’est payé celui qui est chargé de superviser la partie paralympique, nous explique que la séparation se justifie pour des raisons logistiques, économiques et médiatiques. En effet, organiser toutes les compétitions en même temps nécessiterait de pratiquement doubler les capacités d’accueil en hôtellerie et restauration, doubler également les infrastructures sportives, stades, piscines etc. ce qui forcément doublerait peu ou prou le budget. A cela s’ajoute l’exposition médiatique, inférieure selon l’organisateur, gagner une médaille le jour de celle de Teddy Riner ou de Léon Marchand, passerait en effet inaperçu. Cependant, combien de Teddy et de Léon, ces étoiles capables d’éclipser le soleil à elles seules, avons-nous en réserve ? Pas tant que ça, donc l’argument est assez fallacieux. D’autant que l’exposition médiatique est une chose, l’exposition au public en est une autre. Quand un stade est chaud bouillant pour les valides, je pense que les athlètes paralympiques ne seraient pas contre en profiter, plutôt que de devoir faire de la publicité pour espérer remplir les leurs de stades, malgré des prix dérisoires. Pour assister aux épreuves d’athlé aux JO, il vous fallait débourser en moyenne 400€ la place alors qu’avec 25€ vous achetez 5 places aux jeux paralympiques. La différence de recettes est donc abyssale. On touche ici au point central de l’explication de cette fausse inclusion, ou plutôt de cette vraie exclusion : l’argent, toujours l’argent !

L’explication principale est en effet triviale. Le CIO, ou Comité International Olympique, et le CIP, qui n’est pas le Contrat d’Insertion Professionnel de Balladur contre lequel j’avais manifesté en 93 mais le Comité International Paralympique sont deux instances complètement distinctes juridiquement et financièrement. Et le CIO, qui est richissime, n’entend pas partager son gros gâteau avec son collègue handicapé. Voilà, c’est aussi bête que ça, c’est humain, c’est radin et c’est pas bien. Car contrairement à ce que dit Tony Estanguet, pas besoin de doubler le budget et les installations, il suffirait pour cela de doubler la durée, passer de deux semaines à quatre semaines de compétitions, la coupe du monde de football dure bien quatre semaines, pourquoi pas les JO ?

Autre polémique, les humains s’ennuieraient s’ils ne pouvaient pas se chiquenauder sur des broutilles, opposant Teddy Riner, encore lui, et le basketteur paralympique Sofyane Mehiaoui. Le premier, croyant bien faire, a qualifié les athlètes handicapés de « super héros », le second lui a rétorqué qu’il arrête d’en faire des caisses, lui se considérant comme un athlète comme les autres, ni plus ni moins. Ce qui va dans le sens de l’inclusion. En fait, le constat est simple. Soit on les considère comme n’importe quel athlète et les épreuves se déroulent en même temps, soit au contraire on les maintient dans la case handicapés et on les met à part. Choisissez votre camp ! Moi je l’ai choisi depuis longtemps, depuis que j’ai découvert Bebe Vio, une escrimeuse italienne à qui j’avais consacré un billet en 2021 (Lire La force et la femme) et qui milite pour la fusion de la fédé de para-escrime italienne avec la fédé des valides, une seule fédé quoi ! Une seule fédé, un évènement pour les JO, voilà ce que j’en pense, comme Bebe. Tout comme Bebe.

Après, il faut reconnaître que France TV met les moyens pour mettre en lumière les jeux et les athlètes paralympiques, mêmes directs, mêmes plateaux, mêmes émissions de célébration au club France, même Léa Salamé sur-excitée, franchement chapeau France TV. Côté médailles, ça commence bien aussi avec une première médaille d’or française pour Ugo Didier sur 400m nage libre. Allez les bleus !!! Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé…


Sources / Références

Pourquoi les Jeux Olympiques et Paralympiques ne sont pas organisés en même temps, Louis Rousseau, Journal L’Equipe, 26 août, 2024.

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