Je suis Markus Rashford

Ce sont finalement les bleus qui ont gagné ! Mais en italien, on dit Azzurri. La couleur avait justement fait polémique au début de cet Euro, certains reprochant aux Italiens, le manque flagrant de métissage au sein de la Squadra Azzurra. Que voulez-vous, toutes les équipes ne peuvent pas ressembler à l’équipe de France. Et puis ce procès fait à l’équipe de Roberto Mancini, on pourrait aussi le faire à l’équipe d’Allemagne, d’Espagne, de Turquie, presque toutes en fait. Au delà de la couleur de peau des joueurs italiens, c’est surtout le problème du comportement des supporters, des cris de singes, des insultes et du racisme dans le football.

J’ai gardé de mes années passées en Angleterre un pote, Tom, avec qui j’ai commenté en live via Whatsapp les grands matchs de la compétition. Fan de Manchester United de la première heure (il a grandi à Manchester), il a passé une sale soirée dimanche car non seulement l’Angleterre a perdu mais en plus, c’est Markus Rashford, l’attaquant de Manchester, qui rate en premier le penalty et met ainsi la pression sur ses coéquipiers à suivre. Et ça n’a pas loupé, car les deux suivants, sans doute écrasés par l’enjeu, envoient des tirs assez mous et sont facilement bloqués par l’immense gardien italien, Gianluigi Donnarumma, le futur gardien du PSG. Les Italiens sont sur le toit de l’Europe. Ceci dit, cela aurait été cocasse que les Anglais gagnent l’Euro après avoir quitté l’Europe avec pertes et fracas. Mais l’histoire en a décidé autrement, et l’histoire a eu raison. C’est l’équipe la plus séduisante, la plus énergique et la plus ambitieuse, qui a gagné et qu’importe la couleur de ses joueurs.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Manche, la couleur de peau faisait de nouveau polémique. Car il se trouve que les deux joueurs anglais qui ont marqué sont blancs et les trois qui ont manqué le but sont noirs. Et alors me direz-vous ? Et alors, les commentaires racistes et toute la connerie des hooligans anglais ont déferlé sur la toile. Quand je vous disais qu’il n’y a pas plus politique que le football (Lire Footballus politicus) ! Les Anglais semblaient unis derrière leur équipe nationale mais il a suffi d’une séance de penalties, certes calamiteuse, pour que cette unité de façade vole en éclat pour laisser resurgir de vieux démons.

Visiblement touché par ce déferlement, une fresque à son effigie a même été vandalisée à Manchester, Markus Rashford s’est exprimé sur son compte Twitter : « Je peux recevoir des critiques à propos de mes performances, de mon penalty raté, mais jamais je ne m’excuserai pour qui je suis et d’où je viens « , puis d’ajouter « Je suis Marcus Rashford, un homme noir de Withington et Wythenshawe, du sud de Manchester. Si je n’ai rien d’autre, j’ai ça. Pour tous les messages gentils, merci. Je reviendrai plus fort. On reviendra plus forts. » 

Bien dit Markus ! Mais un conseil, venant des Sex Pistols : « Nevermind the bollocks », n’écoute pas les conneries, mon ami, mon frère !