# CinémiX

Netflip

19 septembre 2021

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les salles de cinéma sont en train de se faire netflixer, quelque chose de mignon. Et la crise du Covid et ses confinements successifs, ses peurs de la foule et des espaces enfermés, a encore accéléré la dégringolade. Au delà de Netflix, les plateformes sont en train de révolutionner le cinéma de la même manière que le streaming a bouleversé le monde de la musique. La mutation est si rapide qu’on se demande s’il y aura encore des salles de cinéma dans dix ans, peut-être moins. Cela vous semble improbable ? On verra.

En attendant, cet après-midi, je suis allé voir Dune, de Denis Villeneuve, au cinéma, si Môsieur ! Je l’attendais depuis longtemps, je n’ai pas été déçu. Du grand, du très grand spectacle, et la salle était pleine à craquer. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu une salle de cinéma comme ça, ai-je fait remarquer à mon fils qui m’accompagnait. Car depuis près de deux ans, quand l’audience dépasse dix personnes, on peut déjà estimer qu’il y a du monde. Et je ne parle pas d’un cinéma d’art et essai, non, je parle d’un Pathé dernier cri avec salles 4DX, popcorns et toutes sortes de cochonneries à l’entrée. Un cinéma qui était blindé avant la crise et qui aujourd’hui ressemble justement à un cinéma d’art et essai, deux rues plus haut, sponsorisé par les divers subventions qu’il parvient à quémander. Je ne veux pas opposer grands cinémas blockbuster et petits cinémas intimistes, moi j’aime les deux. Mais quand je vois ces mastodontes perdre leurs clients par milliers, ça me fait de la peine et un peu peur aussi. Imaginez-vous un monde sans salles de cinéma ? Un monde où les nouveaux films sortiraient uniquement à la télé, que ce soit sur Netflix, Amazon, Disney ou Apple ? D’ailleurs, par voie de conséquence, pour voir tous les films intéressants, vous seriez tôt ou tard obligé de vous abonner à chacune d’entre elles. A l’instar des fans de football, qui eux aussi, s’ils veulent suivre un club majeur de bout en bout, doivent s’abonner à deux ou trois offres. Bienvenue dans un monde où nous sommes ligotés, pris en tenailles par les abonnements en tous genres : internet, mobile, cinéma, presse, musique, eau, électricité et bientôt nous serons abonnés à Carrefour, Leclerc, Biocoop… Bienvenue dans un monde où un foyer moyen devra gérer 150 abonnements, un foyer surendetté et qui ne comprend toujours pas pourquoi.

Dans l’absolu je n’ai rien contre Netflix et consorts, d’autant que les contenus (films, séries, documentaires, etc.) sont souvent de très bonne qualité et produits avec des moyens monumentaux. En fan de sport, j’ai regardé la série documentaire sur Michael Jordan et je me suis régalé. J’ai découvert les coulisses de la formule 1 avec Formula One et j’ai adoré. Je suis aussi un addict premier degré de séries telles que La casa de papel ou Peaky Blinders, entre autres. Je dis que je n’ai rien contre Netflix, enfin si quand même un peu. Le problème de Netflix, qui n’en est certainement pas un de leur point de vue, c’est que la plupart du temps, ils ne font pas de la création mais du marketing. Il y a des centaines de millions de Latinos, on va faire des films pour les Latinos. Y a des milliards de Chinois, on va faire des films pour les Chinois. Y a des noirs, on fait des films pour les noirs, et ainsi de suite, quitte même à reprendre un personnage blanc tel que Arsène Lupin et à le faire interpréter par un noir, les Américains appellent cela de la discrimination positive, il est vrai qu’en France, on n’est pas très fans de cette idée. Mais comme on est fan d’Omar Sy, on leur pardonne, on se dit même que c’est une bonne idée, même si on déplore que le scénario soit fait pour des enfants de cinq ans. Chez Netflix, on pense panel, on pense cible avant de penser création artistique et cela pose problème évidemment.

Mais surtout, quand je vais voir un film comme Dune au cinéma, j’en prends plein les yeux, même sans la 4DX. Je me dis que jamais cela ne pourra être aussi puissant dans mon salon, quelle que soit la taille de mon petit écran. Et puis j’avoue, j’aime aussi le fait d’aller au cinéma, sortir de chez moi, y emmener mes enfants, entrer dans la salle obscure, m’assoir dans ces fauteuils larges et confortables, regarder les bandes annonces, les pubs, et le petit bonhomme Jean Mineur qui lance une espèce de boomerang sur une cible et la voix off qui dit « Mediavision 01 47 20 zéro zéro zéro zéro Paris ». Dès que j’entends ce générique, je sais que je suis au cinéma.

Vous allez dire que je suis réac, que je m’attache au passé et que ça sert à rien. Bientôt les jeunes, qui pour la plupart ont la tête vissée sur leur portable toute la journée, ne sauront même pas qu’un jour, on allait voir les films dans une salle de cinéma comme ils ne savent pas ce qu’est une cassette vidéo ou un mange-disc. Vous avez certainement raison, je commence à devenir nostalgique et ce n’est pas bon signe.

Après tout, peut-être que les plateformes trouveront des accords de distribution avec les salles, va savoir. En attendant, s’il vous plaît, allez tous voir Dune, qu’on puisse voir un jour la deuxième partie, et au cinéma bien sûr !

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