# HistoriX

Olympe de G.

3 novembre 2022

En ce jour important pour moi, puisque c’est mon anniversaire, je voudrais rendre hommage à une femme qui fut guillotinée ce même jour, près de deux siècles plus tôt, une femme extraordinaire en tout point, considérée comme une pionnière du féminisme, engagée contre l’esclavage et à qui l’on doit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1), j’ai nommé Olympe de Gouges.

Née au milieu du XVIIIème siècle dans une famille de Montauban mi-bourgeoisie, mi-petite aristocratie provinciale, Olympe monte à Paris pour s’émanciper de son milieu, si possible par le haut et bien qu’on ignore par quels moyens elle parvient à s’extirper de Montauban pour rejoindre la capitale, il est reconnu par tous les historiens qu’Olympe avait pour elle une arme redoutable : sa beauté !

Je fais ici une parenthèse et un parallèle hasardeux mais je l’ose tout de même. Une autre femme qui confia devoir son salut à sa beauté me vient à l’esprit, il s’agit de Simone Veil. Autre lieu, autre histoire évidemment, mais il est intéressant de constater que l’une des grandes inégalités entre les humains, si ce n’est la plus grande de toutes, qu’ils soient homme ou femme, n’est autre que le physique : la taille, la force, la beauté, l’élégance naturelles. Nous ne sommes pas égaux, et ne le seront jamais, au regard de ce que la nature et les gênes nous donnent, ainsi soit-il ! Mais ce n’est pas d’égalité anthropologique dont il est question avec Olympe de Gouges, il est question d’égalité de droits.

Olympe de Gouges était donc belle, tant mieux pour elle après tout, et s’en servit pour monter à Paris, et devenir… courtisane ! Pas très original finalement, mais c’est là que son parcours est intéressant justement, une courtisane, autrement dit une pute de luxe, qui devient une des grandes figures du féminisme, ce n’est pas banal faut admettre. Il serait injuste néanmoins de ne retenir que cette partie de sa vie puisqu’elle profita de ce statut privilégié, protégée qu’elle était d’un entrepreneur fortuné des transports militaires, entre autres bonnes âmes masculines sans doute, pour rattraper son retard culturel et devenir une femme de théâtre, mais aussi et surtout une femme politique, prenant position au travers de ses textes. Elle créé sa première pièce (Zamore et Mirza) en 1782, un drame en prose de trois actes à propos de l’esclavage qui ne sera donné à la Comédie Française que sept ans après sous le titre L’esclavage des Nègres. Elle ne connaîtra pas forcément le succès espéré, sa première pièce ne fut à l’affiche que trois soirs et sa seconde (Le marché des Noirs) ne fut même pas montée, mais ce fut sans nul doute un moyen pour elle d’affirmer ses convictions humanistes. Elle invoquera d’ailleurs L’esclavage des Nègres lors de son procès express dont elle assura elle-même la défense, n’ayant pas le droit à un avocat, comme preuve de son patriotisme. Prise dans la folie de la Révolution de 1789, ayant critiqué sévèrement Marat et Robespierre pour les massacres des 2 et 3 septembre 1793, elle sera jugée le 2 novembre et exécutée le 3 au matin. Elle avait 45 ans, soit mon âge aujourd’hui, oups !

Mais on retiendra surtout son nom pour son engagement pour les femmes et notamment son texte de 1791 en référence à celui de 1789 : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Il me semble qu’il s’agit d’un texte fondateur et majeur, surtout quand on pense que les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1945, et qu’il est assez méconnu du grand public. D’ailleurs, je n’en avais pas connaissance avant de m’intéresser à son autrice. C’est pourquoi, je crois bon de le citer dans son intégralité et constater avec vous, cher lecteur contemporain, que plus de deux cents ans après sa parution, il y a encore pas mal de chemin à parcourir.

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