Pause

Trois mois pile poil depuis mon dernier billet, une pause inédite dans cette série de chroniques entamée après le premier confinement, près de 250 textes en tout, soit un tous les deux ou trois jours maxi. Amélie Nothomb a déclaré de son côté ne jamais s’arrêter, elle qui a publié une trentaine de romans à ce jour, et probablement autant si ce n’est davantage sous forme de manuscrits en cours d’écriture. A la seconde où je termine, dit-elle en substance, j’entame le suivant. Faut-dire que cette stakhanoviste du clavier a un rythme qui impressionnerait tout écrivain en herbe. Il lui faut généralement moins d’un mois pour écrire un nouveau roman. Imagination inépuisable, culture immense, maîtrise de la technique d’écriture, tels sont les ingrédients indispensables pour tenir un tel rythme. Pour quelqu’un d’ordinaire en revanche, avec une vie ordinaire, un boulot ordinaire et des enfants ordinaires qui t’épuisent de manière extraordinaire, le défi n’est pas le même. La seule fenêtre de tir pour écrire, c’est le soir après 22h à condition d’avoir gardé suffisamment d’énergie et les idées suffisamment claires pour affronter la page blanche. Et puis… à un moment, une certaine forme de lassitude apparaît, même si les sujets traités sont variés et quotidiennement renouvelés, une pause s’avère alors nécessaire pour recharger les batteries et oxygéner la boîte à idées.

Pendant ce temps, le monde ne s’arrête pas de tourner lui, de travers certes, mais il tourne tout de même. Les évènements s’enchaînent, majeurs ou insignifiants, les seconds passant parfois devant les premiers sur les chaînes d’info, ainsi va la vie des médias. La plume commence alors à démanger. Je me dis, ça j’en ferai bien un billet, alors je l’ajoute à la pile de billets que je veux écrire quand je me remettrai à l’ouvrage, mais quand, mystère, aujourd’hui, demain, la semaine prochaine, aucune idée précise, la flemme demeure plus forte que la flamme, pour le moment.

Le grand jour est enfin arrivé et quel meilleur jour pour se remettre dans le sens de la marche, sans rapport avec le premier parti d’Emmanuel premier, que le premier janvier ? Pas où commencer cependant ? Dois-je rattraper mon retard car des évènements importants se sont produits pendant cette pause. Le 7 octobre, une horde de terroristes du Hamas débarquait dans un festival de musique électronique à quelques kilomètres de Gaza et y massacrait un millier de personnes. Depuis, en représailles, Israël pilonne la bande jusqu’à ce qu’il ne reste plus un immeuble debout, une riposte qui fait des dizaines de milliers de victimes côté palestinien, des civils principalement, hommes, femmes et enfant indifféremment. Mais j’y reviendrai plus tard, obligatoirement. Le centre de gravité du monde s’est donc déplacé de quelques milliers de kilomètres au sud de l’Ukraine. Zelensky continue pourtant de faire le tour du monde à la recherche de soutiens logistiques et financiers, et pour ne pas qu’on oublie que l’avenir du monde, et en particulier de l’Europe, se joue aussi à l’est de Kharkiv.

Depuis le 1er octobre, date de mon précédent billet, on m’a aussi prêté un livre sur Dieu, un sujet intéressant s’il en est, surtout pour moi l’agnostique sceptique. Je vous rassure tout de suite, il ne s’agit pas de la bible mais d’un essai scientifique, si si scientifique, sur l’existence de Dieu. Je faut donc immanquablement que je vous en parle.

Au final, ces trois mois m’ont permis de me décoller la pulpe qui était restée collée au fond de la bouteille d’Orangina, cette boisson coloniale des années 30, et de faire le plein de vitamine C, comme citoyen. J’ai un tas de choses à vous dire, à vous écrire, chers lecteurs, du léger, du lourd, de l’utile, de l’inutile et j’espère de l’agréable.