Un éléphant

Trump est tout de même un sacré animal politique ! Quel animal, c’est une autre question. Certains le voient en phoenix, resurgi de ses cendres, sauf que, au grand dam de certains démocrates, il n’a pas été brûlé en place publique ni mis en prison suite à la prise du Capitole et aux autres affaires qui le suivent telles des casseroles, sans pour autant l’empêcher d’avancer et de devenir le 47e président des Etats-Unis, après avoir été le 45e. Moi je pense à un éléphant, car un éléphant, ça trump énormément ! Bon ok, elle est nulle. Vous avouerez néanmoins qu’il a écrasé les démocrates comme jamais le parti républicain l’avait fait alors que les sondages prédisaient une élection serrée. Un éléphant, un mammouth, un phoenix, un vieux singe à qui on n’apprend pas à faire des grimaces, et qui contrairement à la fable des trois singes, a tout vu, tout entendu et surtout tout dit, y compris les pires conneries. Un personnage de roman, un rôle, un animal politique, cela est incontestable, même les électeurs démocrates sont allés le voir en meeting pour voir le show Trump. Une stratégie payante.

Dire qu’à dix centimètres près, l’histoire aurait pu être tout autre. A dix centimètres près, Trump aurait pris une balle en pleine tête et celle-ci aurait éclaté telle une pastèque façon JFK avec plein de morceaux à l’arrière de la Lincoln et Melania pour les ramasser. Mais non, God en a décidé autrement, il s’en tire avec un bout d’oreille en moins, pas de quoi l’handicaper ni l’empêcher de se présenter devant les électeurs. Comment dix petits centimètres peuvent changer l’Histoire d’un pays, c’est dingue non ?

Faut dire aussi que papy Biden l’aura bien aidé avec son histoire de poubelles. Il n’en fallait pas plus à Donald pour revêtir un gilet orange fluo et parader aux côtés des éboueurs. Un coup de com génial ! Bien sûr, l’élection ne s’est pas jouée sur des détails aussi insignifiants. Mais il fallait attraper la balle au bond et Trump a su le faire, en habitué des médias et des punchlines qu’il est. En même temps, les Démocrates ne peuvent s’en prendre qu’à eux-même. De qui se moquaient-ils en laissant croire que Biden pourrait faire un deuxième mandat alors qu’il n’était pas fichu de terminer le premier, c’est même à se demander s’il était en état de le commencer il y a quatre ans. Biden, c’est un mélange de Mitterrand et de Chirac sur la fin, menteur comme Mitterrand quand il se présente pour un second mandat alors qu’il sait qu’il est très malade et sénile comme Chirac quand il dit à Hollande devant les caméras qu’il va voter pour lui et pas pour Sarkozy. Biden, c’est Papy zinzin, un gros caillou dans la godasse de Kamala.

Kamala aura été victime du syndrome Hillary, celui de donner le sentiment aux gens d’en-bas qu’elle ne s’intéresse qu’aux gens d’en-haut, alors qu’en réalité elle n’est pas si snobish. Il est vrai cependant qu’en tant que juriste, ancienne procureure, actuelle vice-présidente, elle n’était pas très fun, en tout cas pas aussi fun que Donald, sur ce point il n’y a pas photo entre les deux candidats. Elle a pourtant emporté le seul débat qu’ils ont eu à la télé, Trump a donc décidé qu’il n’y en aurait pas d’autre. Inutile de perdre son temps à la télé quand son meilleur soutien, Elon Musk, peut mettre toute la puissance de son réseau social privé (X) à son service. Trump a promis qu’il le nommerait vice-président, tiendra-t-il sa promesse ? Elon Musk vice-président des USA, lui l’autiste Asperger arrivé d’Afrique du Sud pour intégrer l’université, encore une histoire de rêve américain devenu réalité.

Que faut-il penser de la victoire de Trump ? Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, on ne peut que se réjouir que la démocratie ait fonctionnée et qu’il n’y ait pas eu de violences, et pour cause, je vois mal les Démocrates marcher sur le Capitole. Si le résultat avait été inverse, il y aura eu des émeutes un peu partout c’est certain. La victoire de Trump, c’est la victoire du peuple américain, avec tous ses excès, et la défaite des élites, avec leurs beaux principes, de beaux principes qui n’ont pas convaincu, y compris dans le camp démocrate, puisque un certain nombre de ceux qui avaient voté Biden en 2020 n’ont pas voté Harris en 2024. Les jeunes n’ont pas voté, les latinos des premières générations et les noirs ont voté Trump, les femmes ont voté Harris mais les hommes ont massivement voté Trump, résultat des courses, large victoire de Trump. Les Démocrates ont déçu et les conservateurs emportent tout sur leur passage, la présidence, le sénat et la chambre des représentants, sans compter la Cour suprême, c’est donc un carré d’as ! C’est ça la démocratie, il faut l’accepter. C’est la majorité qui l’emporte et si la majorité dit qu’elle veut Trump, eh bien ce sera Trump, et c’est bien, car c’est la démocratie. Tocqueville avait déjà souligné les limites de la démocratie américaine et sa dictature de la majorité, mais on n’a rien inventé de mieux depuis. C’est ça ou c’est un régime autoritaire à la chinoise, faites votre choix.

Quelles conséquences pour l’équilibre, disons plutôt le chaos, du monde ? L’élection de Trump va-t-elle ajouter du chaos au chaos ? Qui peut le dire ? On nous avait prédit l’apocalypse en 2016 lors de sa première élection, il ne s’est rien passé de spécial. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Quelles seront ses relations avec Poutine, Zelensky, Xi Xinping, Kim, Netayahou, avec l’Union européenne et avec le reste du monde ? L’avenir nous le dira. S’agissant de l’Ukraine, le retrait des Etats-unis incitera peut-être l’UE à prendre son avenir en mains et arrêter de se cacher derrière son petit-frère américain car il est plus costaud. Les deux cents mille Américains vivant en Israël ont massivement voté pour Trump car il a dit qu’il soutiendrait Netanyahou dans sa guerre contre les Palestiniens et l’Iran, ils sont donc satisfaits. Trump a aussi dit qu’il résoudrait la guerre en Ukraine en une journée, nous attendons ça avec impatience. Que fera-t-il quand la Chine décidera de récupérer Taïwan pour de bon ? Bref, les questions géopolitiques ne manquent pas, par contre je n’ai pas les réponses et je doute que qui que ce soit les ait.

Cette élection américaine est surtout un avertissement pour nous autres Français. Tous ceux qui continuent de croire que le Rassemblement national n’arrivera jamais au pouvoir doivent nuancer leur opinion et ouvrir les yeux, comprendre que le monde a changé, qu’à force de mépriser le peuple, celui-ci finit tôt ou tard par se révolter, d’une manière ou d’une autre. Nous sommes avertis.