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Vive la dette !

1 mai 2021

Il n’y a pas que le cours du Bitcoin qui soit surréaliste. J’entends encore François Fillon nous dire, à son arrivée à Matignon en 2007, que l’Etat était ruiné et qu’il allait falloir se serrer la ceinture, enfin la nôtre de ceinture, enfin celle des Français quoi, la sienne restant évidemment très ample, jusqu’à faire le tour du pantalon de sa femme et de ses enfants. Mais ne remuons pas le couteau dans la plaie, d’autant que le procès n’est pas passé et qu’on l’attend avec impatience.

Le pire dans cette histoire, c’est qu’il n’avait pas forcément tort Fillon. Si on suivait l’orthodoxie économique, nous dépensions trop et n’encaissions pas assez. Nous avions donc un déficit chronique trop important et une dette de plus en plus lourde, elle était à l’époque autour de 70% du PIB. A cause de ça, ses marges de manoeuvre étaient apparemment réduites et il ne faudrait pas compter sur l’Etat pour soutenir l’économie. Puis il y eu la crise financière de 2008, le plan de sauvetage des banques et la dette s’est envolée de plus de 10 points en un an. Les marges de manoeuvre étaient réapparues comme par magie et le business put reprendre son cours normal. Jusqu’à l’arrivée du Covid.

Source : Vive la dette !, Alternatives Economiques, avril 2021, p.24

L’histoire se répète. Macron arrive en 2017 et se fait fort de respecter les critères d’austérité budgétaires fixés par l’Europe de Merkel, en particulier un déficit public en dessous des 3% du PIB. Il veut aussi maîtriser la dette, déjà à plus 90% du PIB à son arrivée, dont les intérêts représentent le premier poste de dépense de l’Etat. Même constat, même discours, même rigueur générale, l’Etat n’a pas les moyens vous entendez ? Pas de moyens pour la santé, pas de moyens pour l’hôpital, pas de moyens pour la jeunesse, pas de moyens pour l’écologie et le développement durable, pas de moyens on vous dit, vous comprenez ?

Et puis les Chinois toussent, puis les Italiens, puis le monde entier, cela s’appelle la covid-19. Et là, comme par magie encore une fois, l’argent public coule à flot, un vrai tsunami mondial. Des centaines, des milliers de milliards de dollars même, sont injectés par les banques centrales via les Etats dans les économies à l’arrêt. Après un premier plan de 900 milliards de dollars sous Trump, l’administration Biden vient de valider un nouveau plan de 1800 milliards, à peine six mois après le premier.

Source : Vive la dette !, Alternatives Economiques, avril 2021, p.22

En réalité, dans l’histoire de l’homo economicus, on n’avait jamais vu autant d’argent déferler. Hier, l’Etat occidental était ruiné, accablé sous le poids de la dette, aujourd’hui il dépense sans compter. Que s’est-il passé entre temps ?

Il s’est passé ce qui s’est passé pour le bitcoin. Il s’est passé que l’argent est devenu complètement virtuel, une ligne de compte inscrite quelque part sur les serveurs des banques centrales. La création monétaire n’a donc plus de limite objective. La crainte de l’inflation ? Envolée, car celle-ci ne réagit apparemment pas, sauf peut-être dans l’immobilier, mais l’immobilier n’a que peu d’impact sur le niveau général des prix, concentré sur la consommation courante.

C’est donc La bonne nouvelle que nous apporte cette pandémie. Avec le Covid, on a découvert que la dette n’avait plus de limite et que peut-être, je dis bien peut-être on pourra investir massivement dans le développement durable afin qu’un avenir puisse exister pour l’être humain sur cette planète. Et on ne pourra plus nous dire, Nous n’avons pas les moyens.

Vive la dette !

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  • Schumpeter
    # EconomiX

    Schumpeter

    5 janvier 2021
    Il n'a pas l'air très sympa, on dirait même un psychopathe il faut l'avouer, mais c'est mon économiste préféré : Joseph Schumpeter (1883-1950). Né en 1883, il a étudié le rôle de l'innovation, et celui de ...
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  • Banksable
    # SociétiX

    Banksable

    26 mai 2022
    C'est l'histoire d'un paradoxe moderne, aussi moderne et paradoxal que l'art moderne lui-même. C'est l'histoire d'un artiste engagé contre les injustices du monde, l'argent roi, le cynisme, l'indifférence à la misère ...
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