What the Punk !
Et si dans ce monde de brutes, on parlait un peu d’art ? L’art c’est tellement vaste et tellement protéiforme, vous me direz, qu’on ne saurait par où commencer et par où terminer, si tant est qu’on puisse en finir avec l’art. Je pourrais alors commencer en bas de ma rue en ce moment-même, où se produisent juste sous mes yeux deux jeunes danseurs, gymnastes, acteurs, interprètes, musiciens, un garçon et une fille, je ne sais pas au juste comment les définir vu qu’ils font un peu tout ça à la fois, eux semblent se considérer comme des artistes de cirque. Je suis descendu les regarder et c’était vraiment chouette, barré aussi, barré et chouette. Vivant au chapeau, puisque telle est l’expression consacrée, ils dépendent de la générosité des gens. Ne disposant que d’une CB ou d’un téléphone, je n’ai rien donné, oups ! Faut qu’ils modernisent leur chapeau.
Personnellement, j’écris mais je ne me considère pas comme un artiste, ni même comme un amateur d’art à proprement parler, mais j’aime bien m’intéresser à toutes les formes d’art même si je n’y connais rien, ce que j’assume, peinture, sculpture, architecture, photographie, la photo a été l’un des mes premiers hobbies quand j’étais gamin, à l’époque c’était de l’argentique et on pouvait développer soit-même le clichés, c’était artisanal, c’était bien. Dessin, musique, danse, hip hop en particulier, qui a fait son entrée controversée aux JO comme vous le savez. Théâtre, opéra, dramaturgie, poésie, littérature, cinéma évidemment, si vous me lisez depuis un certain temps, vous vous en être forcément aperçu, design, mode, tapisserie, orfèvrerie, cuisine, numérique, animation… bref tout un univers de créativité illimitée, un vaste univers composé de sous-univers individuels et personnels.
J’ai toujours eu un faible cependant pour les arts visuels, notamment la peinture, premier art peut-être avant les arts premiers, chers à Jacques Chirac, puisque les hommes préhistoriques ont sans doute peint sur les murs de leurs cavernes avant de faire des statues avec ce qui leur tombait sous la main, bois, roche, il faudrait demander à un historien de l’art ou à Chat GPT. Au fil des siècles, l’homme est monté en compétences pour arriver jusqu’au XXème siècle, un siècle fou à bien des égards, notamment artistique. Comment ne pas rester scotché en regardant un Monnet, un Cézanne ou un Bonnard, dont j’ai vu un belle expo cet été à l’hôtel Caumont d’Aix en Provence, Bonnard et son ami Matisse. Et que dire de Picasso, des Demoiselles d’Avignon avec leurs têtes cubiques ou de Guernica, œuvre politique ultime. Modigliani, Chagall, Dali et sa montre molle, Magritte et sa pipe qui n’en est pas une, Hopper, Khalo, Wharol, Lichtenstein, tous ces artistes font défiler l’horloge du temps et nous emmènent inexorablement au XXIème siècle, à l’art moderne, au Street art et désormais aux NFT et au Crypto art.
Je pensais être tendance en proposant des animations de street art à des collégiens, j’étais en réalité déjà has been depuis au moins une décennie, pauvre vieux, il a toujours plusieurs wagons de retard, ont-ils pensé. Si j’avais été avant-gardiste, je leur aurais fait découvrir et initié au crypto art et aux NFT ou jetons non-fongibles en français, cette technologie qui permet de vendre des œuvres d’art numérique (graphisme, photo, vidéo, musique etc.) en garantissant la propriété, l’authenticité et l’historique des transactions au travers du système dit de la blockchain, c’est à dire une chaîne de données reliées entre elles et sécurisée par cryptographie, d’où l’expression crypto art, ou crypto monnaies pour les monnaies numériques telles que le bitcoin. Si vous êtes né avant 1970 et que vous ne vous intéressez pas plus que ça à l’informatique, que vous le subissez plutôt, alors vous n’avez sans doute rien compris à ce que je viens d’écrire et vous ne voyez pas le rapport entre les NFT, la blockchain et Monnet, Van Gogh ou Picasso.
Dans ce cas, je vous conseille une mini série documentaire de trois fois une demi-heure intitulée NFT, What the Punk ? (1). Il y est question de la folie qui s’est emparée des internautes collectionneurs d’art numérique pour une suite d’avatars pixélisés à la manière des premiers jeux vidéos, dix milles avatars en tout et pour tout dénommés les Crypto Punks et imaginés par deux développeurs américains de New York. A la base, les gars avaient fait ça pour le fun, les distribuant gratuitement à ceux qui partageraient le même délire. C’est d’ailleurs ainsi qu’un internaute en a réservé plus de mille à lui seul, 10% de l’ensemble des personnages créés à l’origine, avec certificat d’authenticité et tout, de vrais NFT, non pas en chair et en os, mais en pixels et en octets. Sauf que le truc va devenir viral, ce qui était gratuit à la base va s’échanger pour quelques dollars, puis quelques dizaines, centaines, milliers de dollars, jusqu’à ce que les grandes maisons de ventes aux enchères telles que Christie’s s’y intéressent et organisent une grande vente diffusée en visio dans le monde entier. Une série de neuf avatars y sera alors vendue 17 millions de dollars. Non, non, vous n’avez pas rêvé, ce qui valait zéro quelques mois avant et qui n’existe pas physiquement, a permis à un type d’empocher 17 bâtons, des vrais bâtons sonnants et trébuchants, pas des pixels cette fois, et via la prestigieuse maison Christie’s en prime ! Mieux qu’un Picasso, mieux qu’un léonard de Vinci, car les prix ont continué d’augmenter après, forcément, vous imaginez le coup de tonnerre dans le monde de l’art, des petits visuels de rien du tout vendus des millions, ça attire forcément les vautours et les spéculateurs. L’internaute qui avait eu le pif d’en réserver un millier à lui seul a tout vendu pour quelques millions avant que la folie ne s’empare de la toile. Aujourd’hui, sa collection vaudrait 500 millions !
Peut-t-on encore parler d’art ou s’agit-il simplement de business ? Peut-on seulement distinguer les deux de nos jours où tout est monétisé ? Les droits d’auteur des Crypto Punks ont même été rachetés par une entreprise qui les a copiés avec une série de singes sur un yacht de luxe. Drôle d’idée n’est-ce pas, qui n’est pas sans rappeler ce singe milliardaire anglais qui a coulé avec son yacht et ses amis, aspirés par un siphon sous-marin à seulement 700 mètres au large de la Sicile, si vous avez suivi l’actualité, vous êtes sans doute au courant. Un phénomène marin complètement dingue et rare, so rare, un mini triangle des Bermudes, un truc de fou comme on dit, fou comme le phénomène des Crypto Punks, fou comme l’art en général, fou comme le XXIème siècle qui est le nôtre. Picasso aurait adoré, les Demoiselles d’Avignon aussi !
Sources / Références
(1) NFT : What the Punk ! Les pionniers du crypto art. Documentaire disponible sur Arte.TV
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