# PandémiX

Balance ton Covid

1 mai 2021

On a d’abord dit Le Covid, puis La Covid, mais c’est sans doute à tort car le Covid n’aime pas les femmes.

Dans son dernier ouvrage, La démocratie féministe. Réinventer le pouvoir (Calman-Lévy, 2020), Marie-Cécile Naves voit le féministe comme un moyen d’apporter un renouveau démocratique. Peut-être bien, mais il y a du boulot les filles, car le Covid n’a pas traité les hommes et les femmes de la même manière, les premières études à ce sujet sont très claires (1).

L’organisation internationale du travail (OIT) a sonné l’alarme dès 2019, constatant que la crise liée au covid a touché les femmes de manière très disproportionnée. Les femmes sont surreprésentées parmi les professions de santé, en première ligne face à la crise sanitaire (70% en moyenne, jusqu’à 90% chez les infirmiers et les aide-soignants). Dans la distribution alimentaire, restée ouverte depuis le début, 82% des salariées sont des femmes, il suffit de voir le nombre de femmes aux caisses à comparer avec leurs homologues masculins affectés aux postes de gestion un étage plus haut, et donc pas au contact de la clientèle. Idem pour le secteur de l’aide à domicile (98% féminin).

Les femmes ont été massivement mises au chômage partiel, perdant ainsi 16% de leur salaire, ou en télétravail tout en devant assurer les tâches ménagères habituelles : ménage, cuisine, garde des enfants, devoirs etc. Selon une enquête EpiCov menée par l’Inserm et la Drees du 2 mai au 2 juin 2020, les femmes de 20 à 60 ans ayant déclaré avoir passé plus de quatre heures par jour aux tâches domestiques courantes sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Idem pour l’aide aux devoirs dans le cadre de l’école à la maison.

Avant le Covid, les femmes avaient certes une charge familiale et domestique largement supérieure à celle assumée par les hommes mais il y avait un cloisonnement spatial et temporel entre les différents moments. Avec le Covid tout s’est concentré au même endroit et au même moment, en particulier pendant les périodes de confinement, rendant la vie de ces dernières pratiquement intenables.

Le dessin de G. Mathieu choisi par Altereco pour illustrer l’article illustre bien la situation des femmes pendant les différents confinements. De véritables déesses Shiva, un bras pour tenir le petit dernier, un autre avec l’ordi portable pour les désormais célèbres visioconférences, un troisième pour faire la cuisine, un quatrième pour les devoirs, un cinquième pour le ménage, un sixième pour la lésive, le séchage, le repassage, le pliage, le rangement et rebelote lésive, séchage, repassage, pliage, rangement, lessive, séchage, pliage, repassage… et Môsieur qui se plaint que Madame n’est pas très disponible en ce moment. Tu sais ce qu’elle te dit la dame ?

Alors Marie-Cécile, le féminisme peut en effet apporter du renouveau, au moins en théorie, mais le chemin est encore diablement long avant l’égalité réelle et quotidienne entre les hommes et les femmes.

Quelle idée aussi d’avoir croqué cette pomme !


Lire Le mystère des lits de réa


(1) La Question : Les femmes sont-elles les grandes perdantes de la pandémie ? Alternatives Economiques, avril 2021, p.13

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