Le mystère des lits de réa

S’il y a quelque chose qui reste un mystère pour moi dans cette gestion de la pandémie, c’est bien le nombre de lits de réanimation. On nous explique depuis le début que la clé, c’est notre capacité à recevoir les patients atteints des formes les plus graves de la maladie et qui nécessitent des dispositifs dits de réanimation pointus. Or le nombre de lits de réanimation actifs sur le territoire français est le même aujourd’hui qu’avant le début du Covid, à savoir autour de 5000 lits. Au plus fort de la première vague, nous étions montés à presque 11000 lits mais depuis nous sommes redescendus au chiffre initial. Alors pourquoi ?

Pourquoi Emmanuel Macron, invité courant 2020 à une émission spéciale Covid, avait-il balayé la question en répondant « Augmenter le nombre de lits, ce n’est pas la solution ! » Point barre. Sans dire pourquoi, comment. Nous, simples citoyens n’étions semble-t-il pas à même de comprendre. Il est vrai qu’un citoyen ordinaire se dit, si le problème c’est le nombre de lits de réa disponibles, pourquoi ne pas mettre des moyens ici, matériels et humains, plutôt que de filer 10 000 euros à chaque restaurant fermé ? Pourquoi on ne fait pas comme les Chinois qui ont construit un hôpital entier en quelques semaines au tout début de cette histoire. Il est vrai qu’il est un peu idiot le citoyen ordinaire, il se dit que s’il y a un problème ici, alors on apporte une solution à ce problème-là. Mais apparemment non, ce n’est pas la solution, qu’on lui dit. En plus d’être con, il est lourd.

Mais ce genre de non-explication ne me satisfait pas, surtout quand j’entends Thierry Amouroux, du Syndicat national des professionnels infirmiers, s’indigner que « nous soyons le seul pays au monde à avoir continué à fermer des lits en pleine pandémie » (1). Dans le même temps, les personnels de santé en première ligne sont épuisés, en sous-effectif quand il s’agit de faire face aux pics d’autant que les abandons de poste ont été multipliés par quatre pendant la période.

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne comprends pas. Cette crise sanitaire coûte des centaines de milliards à l’Etat et celui-ci se refuse à mettre le paquet sur le front de guerre, puisque d’une guerre il s’agit, nous a dit le Président. Une drôle de guerre, une fois encore. Et une fois encore, incapables de la gagner seuls, malgré la présence d’un des plus grands fabricant mondiaux de vaccins sur notre territoire, Sanofi-Pasteur pour ne pas les citer, ce sont les Américains qui viennent nous sauver. Au moins cette fois, ils ne se font pas trucider sur les plages de Normandie.

Décidément, la guerre ce n’est pas notre truc à nous les Français. Si on trouve des lits, nous, c’est pour y dormir peinards ! What else ?

(1) La France manque toujours de lits de réanimation, Alternatives Economiques, avril 2021, p.38