# CinémiX

Chronique d’une liaison passagère

22 septembre 2022

Paraît-il qu’on fait toujours le même film. Je veux parler des cinéastes bien sûr, pas de vous et moi, qui nous faisons parfois des films dans notre tête, peut-être toujours plus ou moins les mêmes d’ailleurs, mais nous n’en réalisons pas dans la vraie vie, à moins que bien-sûr, vous ne soyez effectivement réalisateur, auquel cas cette deuxième phrase trop longue et alambiquée ne s’adresse pas à vous, mais la première oui. Que celui qui a compris ce que je voulais dire, lève le doigt. Personne ? Parfait !

Ce que je voulais dire en écrivant, et non écrire en le disant, c’est que je suis allé voir le dernier film d’Emmanuel Mouret, Chronique d’une liaison passagère (1) et j’ai l’impression que c’est le même film que l’avant-dernier, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2). D’ailleurs, il y a aussi Vincent Macaigne dedans et il joue exactement le même rôle, à savoir celui d’un mari qui trompe sa femme. Je me suis alors intéressé de plus près à la filmographie de ce réal et rien qu’en lisant les titres (Tout le monde a raison, Aucun regret, Caprice, Une autre vie, L’art d’aimer, Fais-moi plaisir, Un baiser s’il vous plaît, Changement d’adresse, Vénus et Fleur, Promène -toi donc tout nu…), j’ai l’impression qu’en fait, il décline toujours les mêmes thèmes en variant simplement un paramètre ou deux entre l’amour, l’adultère, les relations à deux, à trois, à quatre, les rencontres, les ruptures… remarquez Woody Allen aussi fait toujours plus ou moins le même film, lui change simplement le décor : New-York, San Francisco, Paris, Rome, Venise…

Ce n’est pas très grave en soit, pas facile en effet de se réinventer et puis ces sujets sont perçus comme universels et intemporels. Alors allons-y, rencontrons-nous, aimons-nous, seuls ou à plusieurs, trompons-nous, quittons-nous et recommençons… D’autant qu’avec Sandrine Kiberlain, choisie par Mouret pour interpréter le rôle de Charlotte, c’est toujours un plaisir tant cette actrice est enthousiasmante. Quand elle lance à Simon : « On va boire un verre ou deux… mais je ressens une envie irrésistible de faire l’amour avec toi « , on y croit dur comme fer et on prendrait bien la place de Vincent Macaigne, qui n’a rien d’un Don Juan mais plutôt d’un gros nounours qu’on a envie de cajoler.

Charlotte a un fils, elle vit seule sauf quand elle héberge momentanément un ami argentin ou espagnol. Simon quant à lui est marié, il a deux filles il me semble, peu importe de toute façon, car pendant 1h40, nous n’allons voir que ces deux-là ou presque. Ces deux-là vont donc vivre une liaison passagère et passer par les émotions et les questionnements qui l’accompagnent. Combien de temps cet amour caché va-t-il durer ? S’agit-il d’un véritable amour ou d’un simple plan cul ? Est-ce que je quitte ma femme ou pas ? Comment se voir sans que personne nous voit ? Où faire l’amour ? Chez moi, chez toi ou à l’hôtel ? Qui y rentre en premier ? On prend une ou deux chambres ? Qui règle la note ?

Une liaison passagère et légère qui se transforme au milieu du film en ménage à trois. Simon, comme beaucoup d’hommes, a toujours rêvé de coucher avec deux femmes en même temps et Charlotte n’est pas fermée à cette idée. Charlotte et Simon rencontrent alors Louise, rôle tenu par Georgia Scalliet, qui s’ennuie avec son mari architecte, un archi qui construit des tours pour pouvoir habiter dans une belle maison plutôt que de construire de belles maisons et devoir habiter dans un tour. Mais les tours, c’est surtout un prétexte pour s’envoyer en l’air, ailleurs. Alors Louise a décidé de s’amuser de son côté, entre deux lexo, car elle ne dépasse pas le deux de tension d’un bout à l’autre de sa partition. Une remarque au passage, je préférais de loin Georgia Scalliet en jeune députée européenne piquante dans la série Parlement (3) plutôt qu’en femme poulpe amorphe prise en sandwich au milieu d’un ménage à trois, mais bref passons.

Nos tourtereaux 3.0 font d’abord connaissance dans un musée puis se retrouvent quelques jours plus tard dans la maison dudit architecte. Et là, c’est le coup de foudre, pas entre Simon et Louise, ce serait trop conventionnel, mais entre Charlotte et Louise, qui décident de tout plaquer pour vivre ensemble, laissant Simon, son adultère et ses atermoiements de côté. Voilà pour le pitch ! Bon, c’est vrai je vous ai fait une présentation un peu plus longue qu’un simple résumé ou qu’une bande annonce par écrit mais remerciez-moi car en réalité je vous ai épargné 1h40 assez ennuyeuse malgré la fraîcheur de Sandrine Kiberlain, qui par contre joue assez mal les lesbiennes, et la gentillesse de Vincent Macaigne, qui lui joue assez bien les neuneus.

Voilà pour Chronique d’une liaison dangereuse, euh pardon passagère, idéale pour s’endormir le soir ou se faire un film, mais dans sa tête uniquement.


Sources / Notes

(1) Chronique d’une liaison passagère, film d’Emmanuel Mouret, 2022

(2) Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, film d’Emmanuel Mouret, 2020

(3) Parlement, excellente série produite par France TV, 2020

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