# MusiX

Divertimento

13 février 2023

Vendredi soir, j’étais à une soirée concert chez FIP à la Maison de la Radio à Paris. Autant vous le dire, ce n’est pas vraiment le genre de jungle artistique, ni de faune musicale, auquel je suis habitué. Et c’est ça qui est bien justement, rencontrer des gens différents de soi, des gens qui forcément mènent des vies très différentes de la sienne, à l’image de Ruddy Aboab (1), le maître de cérémonie, MC comme on dit, et nouveau directeur de la radio depuis début 2022. Il a débuté sa carrière dans la radio concurrente, Radio Nova, il y a plus de 20 ans, y a grimpé tous les échelons du simple chargé de promotion des évènements qu’il était en arrivant à la direction de la stratégie musicale avant de prendre ses valises et ses souvenirs pour filer chez FIP. Entre temps, il aura été programmateur pour des festivals de renom tels que Rock en Seine ou les Inrocks où il y aura organisé plus de 300 concerts. C’est lui que j’ai en face de moi en train de mixer aux platines avec ses compères programmateurs de la radio publique aux multiples influences, jazz, groove, électro, soul, funk, afro-beat, reggae, rap… plus loin des musiciens improvisent des morceaux de circonstance entre la fumée des cigarettes et les néons roses des studios d’enregistrement, guitare, piano, voix, saxophone, batterie… tout est réuni pour une soirée immersive.

Il n’est pas simple de faire sa place dans le milieu de la musique. Que vous soyez artiste, journaliste ou autre trublion, les portes sont plus souvent fermées que grandes ouvertes, ce qui est assez dommage car la musique a de telles vertus intellectuelles et psychologiques qu’elle devrait être accessible au plus grand nombre. On peut bien entendu se rendre facilement à un concert, encore faut-il en avoir les moyens, vu l’augmentation des tarifs observée depuis que les musiciens ne vivent plus de la vente de disques, mais combien de gens, quel pourcentage, savent jouer de la musique ou lire ne serait qu’un bout de partition ? Dix pour cent ? Cinq pour cent ? Un pour cent ? Je n’en sais rien au fond mais je sais que c’est peu. Parce que la musique, c’est difficile, parce que la musique demande un investissement personnel significatif et surtout parce qu’on ne sait pas l’enseigner à l’école, la faire découvrir, la faire aimer, la faire jouer. Je suis pour ma part de la génération flûte, c’est à dire que le seul instru que j’ai eu entre les mains pendant tout mon collège, c’est un pipeau. Autant dire que ce n’est pas avec ça que j’allais devenir Bach ou Beatle. D’autant que mes parents avant moi n’avaient guère eu plus d’opportunité de s’intéresser au 4ème art. L’école a-t-elle fait des progrès depuis ? Si j’en crois ce que je vois avec mes ados, j’en doute. L’école ne dispose d’aucun instrument à demeure et ils passent le plus clair de leur temps en classe de musique à chanter. Chanter c’est bien, cela fait partie de la musique évidemment, mais il ne faudrait pas se limiter à cela faute de moyens.

Il y a en effet de multiples freins à la découverte de la musique. C’est ce que nous enseigne Divertimento (2), un film actuellement sur les écrans, inspiré de l’histoire de Zahia Ziouani et de sa soeur jumelle Fettouma. Les deux filles sont élevées dans l’amour de la musique classique et la culture de l’excellence. Zahia rêve de devenir cheffe d’orchestre et Fettouma violoncelliste professionnelle. Seulement, quand on vient du 9-3, qu’on est d’origine algérienne et qu’on est une femme, le chemin promet d’être long et semé d’embûches et de larmes. Qu’ à cela ne tienne, Zahia et Fettouma ont du caractère à revendre et ne lâcheront rien, y a pas moyen ! Quant à Zahia, si aucun orchestre ne veut d’elle comme cheffe, eh bien elle créera le sien, et celui-ci s’appellera Divertimento, divertissement en italien, qui est aussi le nom d’une oeuvre de Bartok, une autre de Strauss au passage, pour orchestre à cordes, voilà pour les références. L’orchestre Divertimento fut créé à Stains en 2005. Il compte aujourd’hui 70 instrumentistes permanents et a donné plusieurs centaines de représentations dans le monde entier depuis sa création. Il est toujours dirigée à la baguette par Zahia Ziouani (3).

Moi qui suis bien incapable de déchiffrer une clef de sol, je me sens bien seul et petit face à ces génies de la musique, car pour moi c’est une forme de génie, mais cela ne m’empêche pas d’aimer profondément la musique, les musiques, dirais-je plutôt, et de me divertir, que ce soit dans mon salon, dans le métro avec mes airpods sur les oreilles, à un concert ou ici, à la radio, chez FIP.


Sources / Références

(1) https://www.radiofrance.com/ruddy-aboab

(2) Divertimento, film de Marie-Castille Mention-Schaar, en salle depuis janvier 2023

(3) orchestre-divertimento.com

Il n’y a pas une seule façon d’être musicien.

L’Orchestre Symphonique Divertimento (OSD) réunit 70 instrumentistes passionnés issus d’ensembles musicaux nationaux et de conservatoires. Son activité est ancrée dans la vie culturelle de la Seine-Saint-Denis, plus particulièrement au sein de la ville de Stains (93) où il est en résidence artistique depuis 2005.

L’OSD produit et participe à des projets musicaux innovants et interdisciplinaires contribuant à diffuser son amour pour la musique au niveau national, auprès d’un public toujours plus varié. Les oeuvres qu’il interprète couvrent le répertoire du XIXème et du XXème siècle généralement articulés autour du grand répertoire symphonique mis en perspective avec les musiques du monde, les musiques traditionnelles et populaires. Il accompagne la grande aventure de la création musicale par la commande d’oeuvres à des jeunes compositeurs (Salim Dada, Olivier Penard, Nicolas Compogrande…).

Il propose environ quarante concerts par an au sein de grandes scènes nationales et de nombreux festivals à travers lesquels il associe des solistes de renom, comme entre autres, Raphaël Pidoux, Jean-Marc Phillips-Varjabédian, Xavier Phillips, Shani Diluka, Rocio Marquès, Naïssam Jalal, Varduhi Yeritsyan, Amel Brahim-Djeloul, l’Ensemble Amedyez…

Dans le cadre de sa programmation artistique, il propose un projet pédagogique qui s’adresse à la fois aux musiciens amateurs, aux familles et aux scolaires en allant dans écoles, de la maternelle à l’université, pour toucher les jeunes générations

Vous souhaitez intéragir ? Écrivez un commentaire !

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • Uber ate
    # CitizenX

    Uber ate

    10 décembre 2022
    Micro billet de mauvaise humeur. Hier soir, je n'ai pas été très gentil avec la caissière de la supérette. J'avoue, ce n'est pas cool et avant de m'agacer, bien que cela me paraisse souvent légitime, je devrais ...
    Lire la suite
  • Moi président
    # PolitiX

    Moi président

    24 avril 2021
    Vous vous souvenez de cette tirade de François Hollande lors des élections présidentielles 2012, Moi président de la République, je... bla bla bla ? Apparemment, il s'agit même d'une anaphore, une figure de style ...
    Lire la suite