# CitizenX

Uber ate

10 décembre 2022

Micro billet de mauvaise humeur. Hier soir, je n’ai pas été très gentil avec la caissière de la supérette. J’avoue, ce n’est pas cool et avant de m’agacer, bien que cela me paraisse souvent légitime, je devrais toujours me mettre à la place de mon interlocuteur avant d’en faire mon souffre-douleur.

C’est juste que j’étais venu acheter un paquet de quatre tranches de jambon et un tube de chips dont je ne citerai pas la marque mais tous les amateurs de chips industrielles la reconnaitront sans trop de difficulté. J’arrive à la caisse au moment où la caissière en part. Dans les supérettes, elles vont, elles viennent, elles doivent être au four et au moulin. Dans les hypermarchés, elles sont vissées à leur chaise pendant des heures, pas dans les petits magasins.

Cinq minutes passent, puis dix, et personne ne revient. Je vois pourtant sur l’écran de contrôle des caméras de surveillance, puisque celui-ci est juste au devant la caisse, qu’ils sont au moins deux, voire trois employés dans la boutique et tous savent tenir la caisse, puisqu’ils sont comme on dit polyvalents. Alors pourquoi ? Pourquoi personne ne vient encaisser le seul client qui attend à la caisse. Ce n’est pas à cause de la durée de l’opération, puisque je n’ai pas un caddie chargé comme un mammouth, mais juste un paquet de jambon et un tube de chips. Il leur faut deux minutes pour m’encaisser, maxi. Pourquoi bon dieu suis-je là à poireauter depuis des plombes ? Une idée ?

Eh bien en partie à cause de La Poste qui n’a plus le monopole de la distribution des colis. Des centaines de milliers de magasins à travers la France font désormais relais colis, indispensable relais en effet du e-commerce, donnant la possibilité aux clients d’envoyer ou de recevoir des paquets. Les plus organisés parviennent à ne pas désorganiser leur activité traditionnelle du fait du va et vient des gens qui viennent « juste » chercher ou déposer un carton. Mais l’affaire se complique lorsque le fameux colis est introuvable ou s’il y a un bug quelconque avec le numéro, le lecteur, la connexion, etc. Dans ce cas, au lieu de trente secondes, cela peut prendre aisément plusieurs minutes.

L’autre partie de l’explication, c’est Uber ! Ce géant de la disruption sur internet qui a commencé par casser le monopole des taxis puis a catapulté la livraison à domicile de repas à des sommets stratosphériques, jouant sur la paresse des gens de se déplacer au resto ou de faire la cuisine. Le phénomène est tel que le service s’est étendu à tout type de livraison, dont les produits d’épicerie. La grande distribution s’était lancée dans le Drive, un système de clic and collect où vous faites vos courses sur Internet et vous passez les récupérer à l’entrepôt sans surcout lié au transport puisque c’est vous qui vous déplacez, mais vous n’entrez plus dans le magasin. Uber vous permet désormais de ne même plus bouger de votre canapé, puisqu’il va chercher vos courses à votre place. Enfin, quand je dis « il », il ne faut pas penser que c’est Hubert lui-même qui se déplace. Hubert s’appelle en fait Mouloud ou Omar, il n’a pas de papiers, pas de sécu et se fait totalement exploiter par le géant américain. Mais il est content quand même Omar car c’est mieux que de crever la dalle et faire du vélo, ça maintient en forme, contrairement aux patates qui restent dans leur canap.

Résultat des courses, les employés de cette supérette cherchent des colis mystère et préparent des commandes pour des faignasses qui ne veulent pas venir chercher leur pack de bières eux-même, cependant que leurs vrais clients, en chair et en os, ceux qui font l’effort de venir, dire bonjour, merci, au revoir et à bientôt, ceux-là eh bien ils attendent comme des cons pour un putain de paquet de jambon et un tube de chips. Alors fuck Uber !

Les bobos me diront que je n’ai qu’à acheter mon jambon chez le petit boucher d’en face, que lui ne fait pas appel à Uber. Je leur répondrai que je vais parfois chez les petits bouchers, pas si petits que ça d’ailleurs, ni leur tour de taille ni la taille de leur compte bancaire, mais celui en face de la supérette n’est pas aimable donc je n’y vais plus. Les écolos vegan diront eux que je n’ai qu’à arrêter de manger du jambon. Je leur répondrai que tout est bon dans le cochon. Les autres diront sans doute que je suis un sale con de mauvaise humeur et ils ont bien raison.

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