# SportiX

Wemby

25 juin 2023

J’aurais aimé démarrer cette nouvelle saison avec quelqu’un dont le patronyme commence par un Z, juste pour être raccord avec mon titre. J’ai bien pensé à Jay-Z, bien que son vrai nom soit Shawn Carter, ou Zidane, mais pour une saison consacrée à la jeunesse et à l’avenir, ce n’est pas avec ces deux-là, Jay-Z ayant 53 ans et Zidane 51, qu’il fallait commencer.

L’actualité sportive du moment vient de me donner le personnage parfait avec qui entamer ce match qu’est l’écriture d’une série de chroniques, puisqu’on ne parle que de lui cette semaine, ici en France et également aux Etats-Unis, surtout à San Antonio, il s’agit du jeune prodige du basket-ball de 19 ans, Victor Wembanyama. Il faut dire que le joueur de Boulogne-Levallois a de quoi impressionner avec ses 2,22 mètres de haut et ses 2,43 mètres d’envergure. Victor n’est cependant pas un grand comme les autres. Victor est un grand qui joue comme un petit. Il sait dribbler, shooter, courir, attaquer, défendre, pendre des rebonds, contrer, passer un joueur, quelle que soit la taille et la vitesse de celui-ci, aucun problème. Cela en fait une sorte de joueur ultime, capable de tout faire avec une facilité déconcertante. Cela n’a pas échappé aux recruteurs des Spurs de San Antonio, l’ancien club de Toni Parker, qui l’ont drafté, un terme qui signifie sélectionner dans le monde du championnat américain de basket (NBA), en premier.

Ce type de profil capable de tout faire n’est pas sans rappeler un autre joueur bien connu pour les amateurs de ballon orange, à savoir LeBron James. Bien que moins grand de près de 16 centimètres et moins tentaculaire que le Frenchy, Victor est effectivement une véritable pieuvre avec des bras et des jambes d’une longueur interminable, LeBron a marqué l’histoire du basket en réussissant à gagner le championnat avec trois clubs différents, Miami, Cleveland et les Lakers de Los Angeles. LeBron était un joueur capable de faire la différence à lui seul. Ce qu’on dit aussi de Wembanyama. On dit aussi qu’il est unique ! LeBron quant à lui, aimait penser qu’il était « the chosen one », l’élu. Victor a 19 ans, il démarre sa carrière. LeBron en a 38, il la termine.

J’ignore quel sera le destin de Wemby, je sais simplement que celui-ci se joue tout autant sur le terrain qu’en dehors. L’histoire de LeBron est là pour nous l’enseigner, une histoire hors du commun, véritablement unique. A la naissance de LeBron, Gloria, sa mère, n’a que 16 ans et vit chez sa grand-mère avec sa mère. Les emmerdes, c’est bien connu, arrivent toujours en grappe. La grand-mère décède peu de temps après, puis la mère et Gloria se retrouve à la rue avec un môme de même pas trois ans sous le bras. Le père évidemment n’a jamais pointé le bout de son… nez, à part des années après lorsque LeBron est devenu célèbre et riche. En attendant cette époque dorée, Gloria fait du mieux qu’elle peut pour élever son fils unique mais doit bien souvent le laisser seul le soir pour aller travailler. LeBron confiera dans sa biographie avoir parfois passer plusieurs jours tout seul à la maison sans savoir si sa mère reviendrait. Une rencontre allait changer le cours de son existence, celle d’un coach, coach Dru et d’un sport le basket-ball. LeBron se révèle vite doué, agile, rapide, fort puis très doué, très agile et très fort et même très grand puisqu’il dépasse les 2 mètres avant d’entrer au lycée. La puissance n’est rien sans la maîtrise, dit-on. A cela, il faut ajouter d’autres qualités telles que l’intelligence, le sens du collectif, le sens du jeu, la persévérance. LeBron possède tout ça et coach Dru l’aide à démultiplier son potentiel. Résultat, il attire les spot lights avant même de terminer le lycée. ESPN, la grande chaîne de télé sportive américaine, retransmettra même certains de ses matchs en direct et au niveau national, une première dans l’histoire de ce sport, tout ça pour un gosse d’à peine 17 ans. Le reste de la carrière sportive de LeBron est connu, drafté par Cleveland à seulement 18 ans, sans passer par la fac. Cleveland est le club le plus près d’Akron où le kid James a grandi. Ensuite champion avec Miami, retour à Cleveland, champion avec Cleveland, départ pour Los Angeles, champion avec les Lakers.

Là où LeBron est unique, c’est que pour lui le basket n’est pas tout. entouré des mêmes amis depuis le lycée, il a décidé très tôt dans sa vie que le basket lui servirait de tremplin pour monter son business, devenir le premier noir milliardaire et peut-être même l’homme le plus riche de la planète devant Bill Gates et Warren Buffet, dont il fera un conseiller et un ami proche à seulement 25 ans. Tout ça est très clair dès le départ, il n’a que 20 ans mais LeBron sait exactement où il veut aller et avec qui, c’est à dire ses amis d’enfance. Vingt ans après, LeBron a atteint tous ces objectifs, il a investit dans de nombreuses entreprises dont les vélos Cannondale, l’un des leaders mondiaux du secteur, ou la marque de casques audio Beats co-fondée par le rappeur Dr Dre, revendu plusieurs milliards à Apple. Il a monté une maison de production à Hollywood et une société de gestion des droits sportifs avec deux de ses amis d’Akron. Il a participé activement à l’élection de Barack Obama en 2008 et a soutenu le mouvement Black Lives Matter au sein de la NBA. Il est toujours marié avec la même fille qu’il avait rencontré au lycée, avec qui il a trois enfants, deux garçons, une fille, avec qui il rêve de jouer un match officiel de basket.

LeBron n’est pas seulement un joueur ultime, capable de jouer à tous les postes avec la même aisance, c’est l’homme ultime, capable de réussir dans le sport, le business, en politique tout en restant fidèle à ses valeurs, ses amis et ses amours de jeunesse. J’ai un profond respect et une admiration sans borne pour ce type là que j’ai eu l’occasion de voir jouer il y a quelques semaines à Los Angeles. A 38 ans, il en met encore plein les yeux.

Victor Wembanyama a des proportions et des dispositions hors du commun lui aussi. Il est bien entouré, son père était un champion d’athlétisme, sa mère une championne de basket, ancienne coach également. Il va à San Antonio, la patrie de Toni Parker, quelqu’un qui lui aussi a su parfaitement mener sa barque sur les terrains comme en dehors. Wemby a donc tout ce qu’il faut pour se construire un destin également exceptionnel. J’ai hâte de voir ça.


Sources / Références

LeBron, Jeff Benedict, Avid Reader Press, 2023

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