Des hommes ordinaires ?
Parler de Mazan, du procès s’entend, quand on est un homme, c’est marché en terrain glissant, mais je prends le risque cependant. Il y en a un qui se serait bien passé de cette publicité, c’est le maire de Mazan justement, cette commune du Vaucluse de six mille et quelques habitants, que personne ne connaissait avant et que tout le monde s’empressera d’oublier après. Celui-ci a essayé de relativiser la chose en disant qu’il n’y avait pas mort d’homme, ni de femme en l’occurence, je pense qu’il a raté une occasion de se taire car le procès est désormais sous les feux de tous les projecteurs, pas seulement en France, mais dans le monde entier, puisqu’on en parle comme du procès non pas d’un homme, le mari, ni de 50 hommes, les co-accusés de viol, mais du procès de tous les hommes.
Il y a il est vrai de tout dans les 50 hommes jugés au tribunal de Mazan au point que beaucoup utilisent l’expression d’hommes ordinaires comme vous et moi, votre père, votre frère, votre mari, vos amis masculins, votre fils, bref tous les hommes qu’on vous dit car dans ces 50 hommes, il y a des jeunes (26 ans le plus jeune), des moins jeunes (74 ans le plus âgé), des hommes mariés, des célibataires, des divorcés, des pères de famille bien sous tout rapport, sans histoires, des hommes qui travaillent, etc. etc. Bref, difficile de dresser un seul portrait robot du violeur de Mazan. Sauf que, comme en toute chose, il ne faut pas se contenter des apparences. Le magazine Marianne s’est procuré le dossier judiciaire et il dessine une sociologie un peu plus éclairante que de se contenter de cette expression d’homme ordinaire qui veut tout et rien dire (1). On y apprend par exemple qui si 13 d’entre-eux ont eu une enfance heureuse, 14 ont au contraire subit des violences graves voire des viols et les 23 restants ont grandi dans un contexte familial difficile et ont connu des difficultés scolaires significatives. On retrouve ici le schéma de la victime qui devient l’agresseur, un schéma mental que les psy judiciaires connaissent bien. Il faut d’ailleurs signaler que 35, soit une grande majorité, nient le viol, arguant qu’ils avaient obtenu le consentement du mari, ce qui a fait bondir de rage les féministes, nombreuses à assister au procès, et on les comprend. Les gars sont en train de baiser une femme inconscientes et ils ne se posent pas de questions parce que le mari a dit c’est bon tu peux y aller, je filme, moteur, action ! Autre particularité, qui les éloigne de l’homme ordinaire, 23 d’entre-eux, soit près de la moitié, ont un casier judiciaire, dont 5 violences sexuelles et viols. Voilà qui est plus éclairant, je pense pas qu’il y ait 10% de la population masculine française qui ait été condamnée pour agression sexuelle ou viol, car il faudrait beaucoup beaucoup plus de centre de détention. On voit donc prendre forme une vérité légèrement différente du Les hommes sont Tous des salauds, Tous. Ceux qui fréquentent les sites d’annonces tels que coco.gg où des hommes proposent leur femme en pâture à des loups solitaires, qui une fois sur place voient que la pauvre brebis ne tient pas sur ses pattes et qui pourtant se défoulent sur elle, sont des putains de pervers et personnellement je n’ai rien à avoir avec eux, ni de près ni de loin.
Alors quand j’entends Cyril Dion, celui qui nous donne des leçons de morale sur l’état de la planète depuis trop longtemps déjà tout en prenant l’avion pour faire ses beaux reportages de bobo parisien, déclarer que lui aussi a été un salaud de mec à la masculinité toxique, j’ai envie de lui répondre, mais parle pour toi mec. Et puis d’ailleurs non, ferme ta gueule pour une fois ! Tu dis que tu as été un salaud de mec toxique, mais qu’est-ce qui nous dit que tu as changé ? Si c’est le cas, tu devrais faire valoir ton droit au silence et faire profil bas. Mais non, faut encore que tu montres ta trogne à la caméra pour faire l’intéressant devant les filles en dénonçant les hommes avec un petit h. Piquez-lui son téléphone et fermez son compte insta à celui-là, il est insupportable. Il n’est pas le seul cependant, le journaliste de France TV Karim Rissouli y est allé de sa repentance et son auto-flagellation en public au nom de tous les hommes. Encore une fois parlez pour vous les mecs, de quel droit vous parlez pour Tous les hommes, elle est complètement incroyable cette histoire. On ne va pas condamner l’humanité toute entière à chaque fois qu’il y a un meurtre ou un crime sur cette planète, sinon on n’a pas fini.
Ce faisant, je ne dis pas qu’il faut mettre la poussière sous le tapis et faire comme si nous la société n’avions rien vu. Il faut agir au niveau éducation, au niveau répression et aussi au niveau de la façon de sanctionner les violeurs et les délinquants sexuels car il est certain qu’ils n’ont rien à faire en prison « normale » car leur crime n’est pas un crime « normal ». Il s’agit d’une déviance sexuelle que l’enfermement ne va pas améliorer, bien au contraire. On en a une bonne illustration avec la pauvre Philippine, cette étudiante parisienne qu’on a retrouvé enterrée dans le bois de Boulogne. Le suspect, un type qui avait déjà purgé quatre ans de prison pour viol et dont la juge des libertés avait signalé qu’il était dangereux. Une juge des libertés qui signale qu’un violeur est dangereux et le relâche dans la nature, y a rien qui vous choque vous ? Moi, je m’étrangle ! Le résultat on le connaît, demandez à la famille de Philippine ce qu’elle pense de notre système judiciaire. Ce type n’avait rien à faire en prison. On devrait créer des centres exclusivement pour les délinquants sexuels et ne les relâcher que lorsqu’ils ont été déclaré inoffensifs par un collège de psy. Cela ne garantit pas qu’il n’y aura pas de récidive mais au moins on arrêtera de les considérer comme des criminels parmi d’autres. Vous aurez remarqué que j’ai parlé d’un type et non d’un Marocain et je n’ai pas précisé non que celui-ci avait en outre une OQTF (Obligation de Quitte le Territoire Français) en attente de validation par les autorités marocaines car je pense que cela n’a rien à voir avec son crime. Il s’agit d’un psychopathe capable d’enterrer une gamine dans le bois de Boulogne, peu importe qu’il soit français, marocain ou tatare. Et peu importe qu’il soit dans l’attente d’être expulsé. Patrick Cohen, le journaliste qu’on ne présente plus, a osé dire dans l’emission C à vous sur France 5 qu’à trois jours près, cela ne serait pas arrivé car il aurait été expulsé. C’est dingue cette façon de penser ! Qu’est-ce qui ne serait pas arrivé Patco ? Tu crois qu’une fois au Maroc, il aurait fait quoi ce type ? Eh bien il aurait tué une Marocaine et pas une Française. C’est ça l’idée, c’est moins grave si c’est une Marocaine ? Le vrai problème, je vais te le dire, c’est qu’on l’ait remis en liberté. On aurait dû le transférer d’une prison française à une prison marocaine sans passer par la case liberté. Cette affaire, c’est l’échec de la justice française et internationale dans toute sa splendeur, ou plutôt toute son horreur. Nous devons vraiment améliorer ça collectivement sinon il y aura d’autres Philippine, le 104ème féminicide de l’année.
Pour contraster avec cette actualité glauque, j’ai décidé de revoir le film d’Audrey Dana, Sous les jupes des filles, vous me pardonnerez ce pied de nez, surtout quand on sait comme Dominique Pellicot s’est fait attraper par le vigile du supermarché, mais je voulais me faire une comédie qui parle de cul sous l’angle des nanas. Car à écouter les féministes de Mazan, les hommes sont tous des pervers, les femmes n’ayant jamais d’idées mal placées ou bizarres. Sous les jupes des filles, qui met en scène le casting féminin le plus incroyable qu’on ait vu depuis 8 femmes de Ozon, n’est pas un film pervers, mais une petite comédie sans prétention qui parle de la vie sentimentale et sexuelle des femmes vue par une femme. Il y a celles qui s’emmerdent avec leur mari, celles qui les trompent, avec des hommes ou avec des femmes, celles qui n’en peuvent plus d’assumer les tâches domestiques, celles qui font leur show sur des sites coquins, celles qui dirigent des boîtes et mènent les mecs à la baguette, j’ai dit baguette pas braguette, un r qui fait toute la différrrrence, celles qui jouissent, celles qui ne jouissent, paraît-il que 30% des femmes n’ont jamais joui de leur vie, celles qui ont plein d’enfants, celles qui n’en veulent pas, celles qui n’acceptent pas que leurs filles deviennent elles aussi des femmes et aient une vie sexuelle, bref tout un enchevêtrement de situations cocasses plus que salasses portées par une brochette d’actrices géniales. Bref, j’ai voulu apporter un peu de nuance et d’humour dans ce procès caricatural de la gent masculine.
Références / Sources
(1) Les violeurs de Mazan, des hommes presque tous ordinaires, Marianne, 19 au 25 septembre 2024
(2) Sous les jupes des filles, film d’Audrey Dana, 2014
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